Alimentation cétogène (low-carb)

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L’alimentation contemporaine, marquée par une consommation abondante de glucides raffinés et de produits ultra-transformés, a contribué à une hausse significative des maladies métaboliques au cours des dernières décennies. Dans ce contexte, les régimes pauvres en glucides — en particulier le régime cétogène et les régimes dits low-carb — ont suscité un regain d’intérêt dans les sphères médicales, nutritionnelles et médiatiques.

Initialement conçue comme traitement thérapeutique dans le cadre de l’épilepsie résistante, l’alimentation cétogène a progressivement été adoptée dans d’autres contextes : perte de poids, amélioration de la glycémie, optimisation des fonctions cognitives, et même, plus récemment, comme adjuvant potentiel dans la lutte contre certaines maladies chroniques. Le low-carb, quant à lui, désigne une approche plus souple, fondée sur une réduction significative — mais non extrême — de l’apport glucidique.

Ces régimes ont en commun de réorganiser profondément le métabolisme énergétique, en substituant les glucides par les lipides comme principale source de carburant. Ce changement physiologique, appelé cétose nutritionnelle, engendre une série d’adaptations hormonales et cellulaires qui peuvent — selon certaines études — améliorer des paramètres métaboliques clés.

Cependant, malgré des résultats parfois spectaculaires à court terme, de nombreuses questions restent en suspens :

  • Ces régimes sont-ils durables et sans danger à long terme ?

  • Quels effets ont-ils réellement sur le cœur, le cerveau, les reins, ou encore le microbiote intestinal ?

  • Sont-ils adaptés à tous les profils, ou doivent-ils être réservés à certaines situations cliniques ciblées ?

L’objectif de cet article est d’apporter une analyse complète, fondée sur les données scientifiques disponibles, des effets de l’alimentation cétogène et low-carb. Nous explorerons leurs mécanismes biologiques, leurs applications thérapeutiques potentielles, leurs bénéfices mais aussi leurs risques, en nous appuyant sur les publications les plus solides à ce jour.

À l’heure où les régimes riches en graisses refont surface, il est essentiel de distinguer les faits établis des hypothèses, les promesses des preuves, et les usages raisonnables des excès dangereux.

I. Définition et principes de base

Les termes régime cétogène et régime low-carb sont souvent utilisés de manière interchangeable, mais ils renvoient en réalité à deux approches distinctes, bien que proches sur le plan métabolique. Elles reposent toutes deux sur une réduction importante de la part des glucides dans l’alimentation, mais varient par leur intensité, leur objectif thérapeutique, et leur impact physiologique.

I.1 Le régime cétogène : un état métabolique particulier

Le régime cétogène — ou “keto” — est une stratégie nutritionnelle très pauvre en glucides (généralement moins de 10 % de l’apport énergétique total, soit 20 à 50 g par jour), modérée en protéines, et très riche en lipides (environ 70 à 80 % des calories). L’objectif de cette répartition est d’amener l’organisme à entrer en cétose nutritionnelle, un état métabolique dans lequel les corps cétoniques deviennent la principale source d’énergie, en remplacement du glucose.

Ce régime reproduit certains effets physiologiques du jeûne prolongé, mais permet de maintenir une alimentation continue, évitant ainsi les conséquences du jeûne absolu (dénutrition, fonte musculaire). En l’absence de glucose, le foie transforme les acides gras en corps cétoniques (bêta-hydroxybutyrate, acétoacétate), qui servent de carburant alternatif pour le cerveau, les muscles et d’autres tissus.

Historiquement, le régime cétogène a été introduit dans les années 1920 comme traitement de l’épilepsie infantile réfractaire aux médicaments, un usage toujours validé par les autorités médicales aujourd’hui. Plus récemment, il a été proposé dans d’autres indications : perte de poids, diabète de type 2, maladies neurologiques ou inflammatoires, bien que ces usages soient pour l’instant exploratoires.

I.2 Le régime low-carb : une réduction plus modérée des glucides

Le terme low-carb désigne de manière plus générale toute alimentation réduisant sensiblement l’apport en glucides, sans nécessairement viser la cétose. Selon les classifications usuelles :

  • Low-carb modéré : 100 à 130 g de glucides par jour

  • Low-carb strict : moins de 50 g par jour (proche du régime cétogène, mais souvent sans contrôle précis de la cétose)

Ces approches incluent une grande variété de pratiques : régime Atkins, Paléo, LCHF (Low Carb High Fat), ou encore diètes cétogènes personnalisées. Elles peuvent autoriser une consommation sélective de fruits, de légumes racines ou de céréales complètes à faible indice glycémique.

Dans un contexte non thérapeutique, le low-carb est souvent plus souple, plus accessible et plus acceptable socialement que le régime cétogène strict. Il permet de bénéficier d’une meilleure régulation de la glycémie et de l’appétit, sans imposer de transformation complète de l’alimentation.

I.3 Ce que ces régimes modifient dans l’organisme

Qu’il soit modéré ou strict, un régime pauvre en glucides induit une série de modifications physiologiques notables :

  • Baisse de la glycémie et de l’insuline : la réduction des apports glucidiques diminue les fluctuations glycémiques et limite les sécrétions d’insuline. Cela favorise la mobilisation des graisses de réserve et peut améliorer la sensibilité à l’insuline.

  • Mobilisation accrue des lipides : en l’absence de glucose, l’organisme active la lipolyse pour produire de l’énergie à partir des acides gras. Ce processus est particulièrement accentué en cétose.

  • Production de corps cétoniques : dans un régime cétogène, le foie produit des cétones à partir des acides gras. Ces molécules deviennent la principale source d’énergie pour de nombreux organes, en particulier le cerveau.

  • Diminution de l’appétit : la cétose, combinée à une stabilité glycémique et à une hausse des corps cétoniques, tend à réduire la sensation de faim, ce qui facilite souvent la restriction calorique spontanée.

  • Modification hormonale : des variations sont observées dans les taux de ghréline (hormone de la faim), de leptine (hormone de la satiété), et de cortisol, influençant le métabolisme et le comportement alimentaire.

Ces adaptations sont à la base des effets observés sur le poids, la glycémie et la composition corporelle, mais elles varient considérablement selon les individus, leur génétique, leur microbiote et leur niveau d’activité physique.

En résumé, les régimes cétogènes et low-carb modifient en profondeur la manière dont l’organisme gère ses apports énergétiques. Le cétogène induit une cétose permanente et requiert une vigilance accrue sur la répartition des macronutriments. Le low-carb, plus modéré, offre une certaine flexibilité tout en permettant, dans certains cas, des bénéfices métaboliques comparables.

II. Mécanismes physiologiques et effets métaboliques

Les régimes pauvres en glucides — qu’ils soient strictement cétogènes ou simplement modérés (low-carb) — induisent des modifications métaboliques profondes. Celles-ci expliquent en grande partie leurs effets recherchés : perte de poids, régulation de la glycémie, réduction des marqueurs d’inflammation ou encore modulation de certains profils hormonaux.

II.1 Effets sur la perte de poids

L’un des effets les plus médiatisés du régime cétogène est sa capacité à induire une perte de poids rapide, notamment dans les premières semaines. Ce phénomène repose sur plusieurs facteurs :

  • Réduction spontanée de l’apport calorique : l’un des effets indirects du régime cétogène est la diminution de l’appétit. La cétose agit comme un coupe-faim naturel, via des médiateurs hormonaux comme la ghréline ou les cétones elles-mêmes.

  • Mobilisation accrue des graisses de réserve : en l’absence de glucides disponibles, l’organisme utilise principalement les acides gras pour produire de l’énergie. Cela favorise l’oxydation des lipides stockés.

  • Perte hydrique initiale : lors des premiers jours, la baisse du glycogène s’accompagne d’une perte d’eau (chaque gramme de glycogène mobilisé s’accompagne de ~3 à 4 g d’eau). Cela explique en partie la perte de poids spectaculaire mais transitoire observée au début.

Plusieurs études randomisées ont comparé le régime cétogène à d’autres régimes hypocaloriques (pauvres en graisses ou équilibrés). Les résultats à court terme (3 à 6 mois) montrent souvent un avantage modeste en faveur du cétogène en matière de perte de poids. Toutefois, à 12 mois ou plus, les différences s’estompent : la perte moyenne est équivalente, autour de 5 à 7 % du poids initial, à condition que l’adhésion au régime soit maintenue.

II.2 Impact sur le métabolisme glucidique

La réduction drastique des glucides a un effet mécanique sur la glycémie et l’insulinémie :

  • La glycémie à jeun diminue, ainsi que les pics glycémiques postprandiaux, en particulier lorsque les apports glucidiques sont maintenus en dessous de 50 g/jour.

  • L’insuline sécrétée diminue elle aussi, réduisant le stockage des nutriments et favorisant la libération des graisses.

Ces effets sont particulièrement intéressants pour les patients présentant une insulino-résistance ou un diabète de type 2. Plusieurs études — comme celle de Hallberg et al. (2018, Diabetes Therapy) — ont montré que le régime cétogène peut améliorer l’HbA1c (taux moyen de sucre sur 3 mois), réduire voire supprimer le besoin en insuline chez certains patients, et même conduire à une rémission partielle de la maladie chez des sujets bien encadrés.

Néanmoins, ces résultats positifs doivent être interprétés avec prudence. La rémission n’est généralement maintenue que tant que le régime est poursuivi, et les risques de déséquilibre glycémique en cas de reprise des glucides sont bien réels. De plus, la plupart des études ont été menées sur des durées courtes, et peu d’essais à long terme ont validé ces effets dans la durée.

II.3 Effets sur les lipides sanguins

Les effets du régime cétogène sur le profil lipidique sont complexes, ambivalents et fortement variables selon les individus.

  • Hausse du HDL (le « bon cholestérol ») : fréquente et généralement considérée comme favorable.

  • Baisse des triglycérides : observée dans plusieurs études, notamment chez les personnes en surpoids ou atteintes de syndrome métabolique.

  • Évolution du LDL (le « mauvais cholestérol ») : ici, les résultats sont contrastés. Chez certains, le taux de LDL diminue ou reste stable ; chez d’autres, il augmente nettement — en particulier si le régime est riche en graisses saturées d’origine animale (viandes grasses, fromages, beurre).

Une revue publiée dans Frontiers in Nutrition (2021) rappelle que le régime cétogène, s’il est mal équilibré, peut augmenter le risque de dyslipidémie athérogène (LDL oxydé, petites particules LDL, inflammation endothéliale), ce qui pourrait théoriquement accroître le risque cardiovasculaire à long terme.

C’est pourquoi plusieurs experts — dont ceux de l’American Heart Association — recommandent, si le régime est suivi, de privilégier les graisses insaturées d’origine végétale (huile d’olive, avocat, noix) et les poissons gras, tout en limitant les graisses animales saturées.

II.4 Modifications hormonales et inflammatoires

Les régimes pauvres en glucides modifient également certains équilibres hormonaux :

  • La leptine (hormone de la satiété), souvent élevée en cas de surpoids, tend à baisser avec la perte de masse grasse, contribuant à rééquilibrer le signal de satiété.

  • La ghréline (hormone de la faim) diminue dans certaines phases de cétose, participant à la réduction de l’appétit.

  • Le cortisol (hormone du stress), en revanche, peut augmenter transitoirement lors des premiers jours de cétose ou en cas de déficit calorique prolongé, ce qui mérite une attention particulière en cas de fatigue chronique ou d’antécédents psychiques.

En ce qui concerne l’inflammation, plusieurs études montrent une réduction des marqueurs inflammatoires de bas grade (comme la CRP ou certaines cytokines), ce qui pourrait s’expliquer par :

  • La baisse de masse grasse viscérale (pro-inflammatoire)

  • La réduction de la glycémie et de l’insuline circulante

  • L’effet immunomodulateur des corps cétoniques, notamment le bêta-hydroxybutyrate, qui inhibe la voie de l’inflammasome NLRP3 dans certains modèles expérimentaux

Toutefois, ces effets anti-inflammatoires restent modestes et inconstants selon les études, et il n’est pas encore établi qu’ils soient significatifs en dehors de la population obèse ou métaboliquement fragile.

En résumé, les régimes cétogène et low-carb agissent à plusieurs niveaux :

  • Sur le poids, via la réduction de l’appétit et la mobilisation lipidique

  • Sur la glycémie, via la réduction de l’insuline et des apports glucidiques

  • Sur les lipides sanguins, avec des effets variables selon la qualité des graisses consommées

  • Sur certains marqueurs inflammatoires et hormonaux, avec des effets à confirmer

Ces résultats expliquent l’intérêt croissant porté à ces régimes, mais justifient aussi une approche prudente et personnalisée, notamment en raison de leur potentiel effet à double tranchant sur le système cardiovasculaire.

III. Applications médicales explorées

Au-delà de ses usages nutritionnels pour la perte de poids ou le bien-être, le régime cétogène est étudié depuis plusieurs décennies pour ses applications thérapeutiques, avec des résultats variables selon les pathologies. Certaines indications sont aujourd’hui bien établies, d’autres encore expérimentales. Le low-carb, dans ses versions plus souples, fait lui aussi l’objet de recherches cliniques ciblées, notamment dans le cadre des troubles métaboliques.

III.1 L’épilepsie : indication historique et validée

L’usage du régime cétogène à visée médicale remonte aux années 1920. Il a été développé pour traiter les formes d’épilepsie pharmaco-résistante chez l’enfant, c’est-à-dire les cas où les antiépileptiques ne parviennent pas à contrôler les crises.

Plusieurs études cliniques ont confirmé son efficacité :

  • Jusqu’à 50 à 60 % des enfants sous régime cétogène présentent une réduction d’au moins 50 % de la fréquence des crises (Neal et al., Lancet Neurology, 2008).

  • Environ 10 à 15 % des enfants peuvent même devenir temporairement exempts de crises.

Le mécanisme exact par lequel la cétose diminue l’activité épileptique n’est pas entièrement élucidé, mais il pourrait impliquer :

  • une stabilisation de l’excitabilité neuronale par les corps cétoniques,

  • une réduction du stress oxydatif cérébral,

  • ou encore une modulation des neurotransmetteurs inhibiteurs (comme le GABA).

Ce traitement est reconnu par les sociétés savantes de neurologie pédiatrique, sous contrôle médical strict. Chez l’adulte, les résultats sont plus hétérogènes, et l’adhésion au régime plus difficile à maintenir.

III.2 Diabète de type 2 et syndrome métabolique

L’intérêt du régime cétogène ou low-carb pour la gestion du diabète de type 2 est un sujet de recherche intensif. Plusieurs études cliniques ont montré que :

  • La réduction des glucides améliore la glycémie à jeun et l’hémoglobine glyquée (HbA1c).

  • Les patients réduisent ou arrêtent certains traitements hypoglycémiants.

  • La perte de poids associée contribue à améliorer la sensibilité à l’insuline.

L’étude Virta Health (Hallberg et al., Diabetes Therapy, 2018) est souvent citée : sur 262 patients diabétiques, un protocole cétogène strict avec accompagnement numérique a permis, en un an, une rémission partielle du diabète chez 60 % des participants, avec perte de poids moyenne de 12 kg et arrêt de l’insuline chez 94 % des patients initialement sous traitement.

Cependant, des limites importantes doivent être soulignées :

  • L’effet positif ne dure que si le régime est maintenu : un retour à une alimentation riche en glucides entraîne une rechute rapide des marqueurs.

  • Le régime nécessite un suivi médical précis, notamment pour adapter les traitements (insuline, sulfamides) afin d’éviter les hypoglycémies.

  • Il existe des variations individuelles marquées : certains patients répondent très bien, d’autres peu, voire présentent des effets secondaires.

Les sociétés savantes comme l’ADA (American Diabetes Association) reconnaissent que le low-carb peut être une option thérapeutique temporaire, mais ne le recommandent pas comme première ligne en l’état actuel des preuves. Elles privilégient des approches plus modérées comme le régime méditerranéen ou DASH, combinés à une perte de poids progressive.

III.3 Pathologies émergentes : Alzheimer, cancer, troubles du spectre autistique

a) Alzheimer et troubles cognitifs

La maladie d’Alzheimer est parfois qualifiée de “diabète de type 3” en raison de la résistance à l’insuline observée dans les neurones. Le régime cétogène, en fournissant des cétones comme source alternative d’énergie cérébrale, pourrait théoriquement :

  • améliorer la fonction neuronale dans les zones hypométaboliques,

  • réduire l’inflammation cérébrale,

  • stimuler la neuroprotection via le BDNF.

Des études pilotes (notamment celle de Krikorian et al., Neurobiology of Aging, 2012) ont montré de légères améliorations de la mémoire chez des patients présentant un déclin cognitif léger après quelques semaines de régime cétogène. Toutefois, les données sont encore limitées et très préliminaires, avec de petits échantillons, sans démonstration d’effet durable.

b) Cancer

Certaines cellules cancéreuses ont une forte dépendance au glucose (effet Warburg). La cétose pourrait, selon l’hypothèse, affamer les cellules tumorales, tout en préservant les tissus sains grâce à l’utilisation des cétones.

Des essais sont en cours, notamment dans les cancers cérébraux (glioblastomes) ou du pancréas. Les résultats sont pour l’instant insuffisants pour recommander ce régime comme traitement, d’autant que les patients atteints de cancer sont à risque de dénutrition. Les sociétés d’oncologie ne recommandent pas de régime cétogène sans supervision médicale stricte.

c) Autisme et troubles du développement

Quelques recherches précliniques et essais ouverts ont étudié le régime cétogène chez des enfants atteints de troubles du spectre autistique (TSA), en s’appuyant sur son effet anti-inflammatoire potentiel et sur les altérations métaboliques observées dans ces troubles.

Certains résultats, comme ceux de l’étude de El-Rashidy et al. (2017, Metabolic Brain Disease), montrent des améliorations comportementales modérées. Mais là encore, les effectifs sont très faibles, les méthodologies variables, et les résultats difficiles à reproduire. Il s’agit à ce jour d’une application expérimentale sans validation clinique.

En résumé, le régime cétogène est :

  • Cliniquement validé pour l’épilepsie résistante chez l’enfant

  • Potentiellement utile dans le diabète de type 2, sous surveillance

  • Prometteur mais non prouvé dans d’autres pathologies chroniques

Les données disponibles incitent à la prudence, au cas par cas, et surtout à ne pas appliquer ces approches en dehors d’un encadrement médical, notamment dans les contextes pathologiques.

d) Trouble bipolaire et troubles psychiatriques

Le régime cétogène suscite également un intérêt croissant en psychiatrie métabolique, notamment dans le trouble bipolaire, les états dépressifs résistants et certains troubles anxieux. Cette approche se base sur l’hypothèse selon laquelle les troubles de l’humeur pourraient être liés, en partie, à des dysfonctionnements mitochondriaux, à une neuroinflammation chronique et à des anomalies du métabolisme énergétique cérébral.

Plusieurs arguments biologiques motivent ces recherches :

  • Le cerveau bipolaire présente, selon certaines études, une hypométabolie du glucose dans certaines régions (préfrontales, limbiques), suggérant que les corps cétoniques pourraient fournir un substrat énergétique alternatif plus efficace.

  • Le bêta-hydroxybutyrate, principal corps cétonique, exerce des effets anti-inflammatoires et antioxydants, notamment via l’inhibition de la voie NLRP3, impliquée dans la neuroinflammation.

  • Des effets modulateurs sur les neurotransmetteurs comme le glutamate, le GABA et la dopamine ont également été observés, ce qui pourrait théoriquement contribuer à stabiliser l’humeur.

Études disponibles

Bien que prometteurs sur le plan mécanistique, les essais cliniques chez l’humain restent très rares. Quelques études de cas publiées depuis 2015 rapportent :

  • une amélioration significative des symptômes chez des patients atteints de trouble bipolaire résistant aux traitements médicamenteux, après adoption d’un régime cétogène strict (Campbell et al., Frontiers in Psychiatry, 2020 ; Palmer et al., 2022).

  • une meilleure stabilité de l’humeur, une diminution des épisodes maniaques ou dépressifs, et parfois une réduction de la médication.

En 2022, une étude pilote ouverte dirigée par le Dr Christopher Palmer (Harvard Medical School), publiée dans Bipolar Disorders, a suivi une dizaine de patients bipolaires stables ayant adopté un régime cétogène pendant plusieurs semaines. Les résultats préliminaires ont montré une amélioration globale de la cognition, du sommeil et de l’humeur, sans effets indésirables majeurs.

Cependant, ces observations ne peuvent pas être généralisées, pour plusieurs raisons :

  • Effectifs très réduits

  • Absence de groupe contrôle

  • Effet placebo non exclu

  • Forte variabilité interindividuelle

La prudence est donc de rigueur : aucune société psychiatrique ne recommande actuellement le régime cétogène dans la prise en charge du trouble bipolaire. Les patients intéressés par cette approche devraient en discuter avec leur psychiatre, et ne jamais modifier leur traitement sans encadrement médical.


IV. Bénéfices et inconvénients dans la vie réelle

Si le régime cétogène bénéficie d’une large médiatisation pour ses résultats spectaculaires à court terme, son application dans la vie quotidienne soulève de nombreuses questions pratiques et cliniques. L’expérience des utilisateurs, les données des études à moyen terme et les observations des professionnels de santé convergent pour mettre en lumière des effets ambivalents, à considérer de manière nuancée.

IV.1 Avantages observés par les pratiquants

Plusieurs bénéfices fréquemment rapportés lors de la mise en place d’un régime cétogène bien mené ont été corroborés par la recherche :

  • Perte de poids rapide, surtout les premières semaines, souvent motivante.

  • Réduction de la sensation de faim, grâce aux effets anorexigènes des corps cétoniques (bêta-hydroxybutyrate) et à une stabilisation des niveaux de glycémie et d’insuline.

  • Amélioration de la concentration et de la clarté mentale, chez certaines personnes, possiblement liée à l’usage des cétones par le cerveau comme carburant alternatif.

  • Diminution des fringales sucrées, en particulier chez les sujets ayant une hyperinsulinémie ou une instabilité glycémique chronique.

  • Motivation psychologique liée au sentiment de contrôle alimentaire, au cadrage clair des règles et à la perception d’une “logique métabolique”.

Ces effets positifs ne sont cependant ni universels, ni durables pour tous. Ils dépendent fortement de l’adhésion au protocole, du contexte métabolique de départ et de la qualité nutritionnelle du régime.

IV.2 Effets secondaires fréquents et précautions

Malgré ses bénéfices potentiels, le régime cétogène n’est pas exempt d’effets secondaires, surtout lors de la phase d’adaptation métabolique :

  • La “grippe cétogène” (keto flu) : un ensemble de symptômes transitoires incluant fatigue, maux de tête, nausées, irritabilité, vertiges. Elle survient dans les premiers jours, liée à une chute rapide de l’insuline, une perte d’électrolytes et l’installation de la cétose. Elle peut durer de 2 à 7 jours selon les individus.

  • Constipation : fréquente en raison de la réduction des fibres (moins de fruits, de céréales et de légumineuses). L’augmentation des légumes verts, de l’eau et parfois une supplémentation en fibres est nécessaire.

  • Crampes musculaires et palpitations : causées par des pertes d’électrolytes (sodium, potassium, magnésium) dues à une excrétion accrue par les reins en début de régime.

  • Halitose (mauvaise haleine) : due à l’élimination des corps cétoniques volatils (acétoacétate et acétone) par les voies respiratoires.

  • Troubles du sommeil ou baisse d’énergie temporaire, notamment en cas de déficit calorique involontaire ou d’inadaptation hormonale (cortisol, mélatonine).

Chez certaines personnes, le régime peut aussi provoquer :

  • une hypoglycémie fonctionnelle légère,

  • une réduction excessive de l’apport protéique, menant à une fonte musculaire lente,

  • des perturbations du cycle menstruel chez les femmes sensibles aux variations de leptine ou de masse grasse.

Ces effets sont souvent transitoires et évitables si le régime est bien équilibré, suffisamment riche en micronutriments, et mis en place de manière progressive.

IV.3 Risques potentiels à long terme

Les effets indésirables potentiels du régime cétogène à long terme restent mal connus, du fait du manque d’études au-delà de 12 à 24 mois. Cependant, plusieurs points de vigilance sont soulignés par les professionnels de santé :

  • Élévation du cholestérol LDL chez certains individus (effet “hyper-répondeur”), ce qui pourrait accroître le risque cardiovasculaire. Cela dépend fortement de la qualité des graisses consommées (saturées vs insaturées).

  • Carences micronutritionnelles : le régime étant pauvre en fruits, légumineuses et céréales, il expose à un déficit potentiel en :

    • fibres alimentaires,

    • vitamines du groupe B,

    • magnésium, potassium, calcium, zinc,

    • antioxydants (polyphénols, vitamine C).

  • Hyperuricémie et calculs rénaux : une cétose prolongée peut favoriser l’acidification urinaire, un facteur de formation de cristaux d’acide urique ou d’oxalates (notamment chez les sujets à risque).

  • Risque hépatique ou pancréatique : le métabolisme lipidique accru peut solliciter davantage le foie ou le pancréas, en particulier chez des personnes ayant une stéatose hépatique ou une pathologie sous-jacente.

  • Ostéoporose : une acidose chronique légère induite par la cétose prolongée pourrait, selon certaines études, favoriser la déminéralisation osseuse chez les sujets carencés en calcium ou vitamine D (notamment les femmes ménopausées).

Ces effets ne sont ni systématiques ni immédiats, mais ils soulignent la nécessité d’un suivi médical, notamment chez les personnes vulnérables ou ayant des antécédents cardiovasculaires, métaboliques ou rénaux.

IV.4 Adhésion difficile et effet yo-yo fréquent

Un autre enjeu majeur est la durabilité du régime cétogène dans le temps. S’il peut être efficace à court terme, de nombreuses études et observations cliniques rapportent une adoption difficile au-delà de quelques mois, pour plusieurs raisons :

  • Contraintes sociales et alimentaires fortes : le régime exclut ou limite une grande partie des aliments courants (pain, pâtes, fruits, céréales), ce qui complique les repas en famille, à l’extérieur, ou en voyage.

  • Monotonie alimentaire : chez certains pratiquants, la répétition des mêmes aliments (œufs, viande, fromage, avocat) peut induire une lassitude et une réduction de la variété nutritionnelle.

  • Charge mentale élevée : le besoin de calculer les macronutriments, d’anticiper chaque repas, et d’éviter les “écarts” peut devenir pesant, voire obsessionnel, chez certaines personnes.

  • Risque d’effet rebond : à l’arrêt du régime, une reprise des glucides peut entraîner une récupération rapide du poids perdu, liée à la reconstitution des réserves de glycogène et à un retour de l’appétit. Cet effet yo-yo est d’autant plus marqué que le régime a été suivi de manière restrictive ou sur une durée courte.

La pérennité de la perte de poids dépend donc largement de la capacité de la personne à traduire les principes du régime en habitudes durables, ou à revenir à une alimentation équilibrée sans excès.

En somme, si le régime cétogène peut présenter des bénéfices réels dans certaines situations, il expose aussi à des effets secondaires, des risques nutritionnels et des contraintes fortes. Sa mise en œuvre doit donc être raisonnée, personnalisée et encadrée, en évitant les approches extrêmes ou non informées.

V. Ce qu’en disent les experts et les institutions

Malgré son essor dans le grand public et sur les réseaux sociaux, le régime cétogène — ainsi que les approches low-carb plus modérées — ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique et médicale. Les professionnels de santé, les sociétés savantes et les institutions sanitaires adoptent, dans leur grande majorité, une position mesurée, prudente voire critique, en raison du manque de données à long terme, de l’hétérogénéité des résultats, et des risques potentiels liés à une application non encadrée.

V.1 L’état des preuves scientifiques : efficace, mais limité par la durée

Sur le plan des données disponibles, les experts s’accordent à reconnaître plusieurs effets positifs à court terme, démontrés par des essais randomisés contrôlés :

  • Perte de poids modérée à importante sur 3 à 6 mois

  • Amélioration de la glycémie, de l’insuline et des triglycérides

  • Diminution de l’appétit et meilleure maîtrise des prises alimentaires

Mais les données à long terme (>12 mois) sont rares, et celles disponibles montrent souvent :

  • une stagnation voire une reprise du poids après un an,

  • des difficultés d’adhésion élevées,

  • et une perte des effets métaboliques en cas d’abandon du régime.

Les revues Cochrane et plusieurs méta-analyses publiées ces dernières années (notamment dans The BMJ, Nutrition Reviews et Obesity Reviews) concluent que le régime cétogène n’est pas supérieur aux autres régimes hypocaloriques traditionnels sur le long terme, même s’il peut être plus rapide dans ses effets initiaux.

V.2 Les recommandations officielles : prudence et individualisation

À ce jour, aucune autorité de santé publique nationale ou internationale ne recommande le régime cétogène strict comme approche nutritionnelle de première intention pour la population générale.

  • L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES), en France, rappelle dans ses avis récents (2021) que les régimes déséquilibrés, riches en graisses saturées et pauvres en glucides complexes, peuvent entraîner des déficiences nutritionnelles et des effets délétères cardiovasculaires, en particulier s’ils sont mal encadrés.

  • L’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne propose aucune recommandation concernant la cétose nutritionnelle, et insiste sur la qualité globale de l’alimentation, la variété, la consommation de fruits, légumes, fibres et céréales complètes.

  • L’American Heart Association (AHA), dans ses recommandations nutritionnelles de 2022, déconseille les régimes cétogènes en prévention cardiovasculaire, au motif qu’ils sont souvent riches en graisses saturées, pauvres en fibres, et ne reposent pas sur des preuves solides à long terme.

V.3 La position des sociétés de diabétologie, de nutrition et de cardiologie

Certaines sociétés savantes reconnaissent cependant un intérêt clinique ciblé du régime cétogène ou du low-carb dans des contextes bien définis :

  • L’American Diabetes Association (ADA) indique dans ses guidelines de 2023 que les régimes low-carb peuvent être envisagés chez les patients diabétiques, à condition qu’ils soient :

    • individualisés,

    • surveillés médicalement,

    • et que les apports en nutriments essentiels soient maintenus.

  • La Société européenne de cardiologie (ESC) et la Société française de cardiologie se montrent plus réservées, pointant les risques d’hypercholestérolémie, notamment si le régime est riche en graisses animales. Elles privilégient des approches comme le régime méditerranéen ou le régime DASH, mieux documentés pour la santé vasculaire.

  • L’Académie de nutrition et de diététique (AND) rappelle dans un rapport de consensus (2020) que la priorité doit rester une alimentation équilibrée, durable et compatible avec la santé digestive, cardiovasculaire et mentale.

V.4 Ce que disent les nutritionnistes et cliniciens de terrain

Les professionnels de santé qui suivent des patients au quotidien adoptent majoritairement une approche pragmatique :

  • Le régime cétogène peut être efficace à court terme, notamment pour déclencher une perte de poids, briser une stagnation métabolique ou améliorer un diabète mal contrôlé.

  • Il peut convenir à certains profils motivés, capables de gérer les contraintes et d’assurer un bon équilibre nutritionnel (supplémentation, diversité des aliments).

  • Mais il n’est pas une solution universelle, et ne convient pas aux personnes ayant :

    • des antécédents cardiovasculaires,

    • une fragilité rénale ou hépatique,

    • un rapport problématique à l’alimentation,

    • ou des troubles hormonaux sensibles.

  • L’approche individualisée reste la règle : certains patients réussissent très bien en cétogène, d’autres échouent ou en tirent peu de bénéfices.

En résumé, les experts reconnaissent certains effets positifs du régime cétogène, mais n’en font pas une solution nutritionnelle généralisable. En l’état actuel des preuves, la prudence, la personnalisation et l’encadrement professionnel sont considérés comme essentiels à toute tentative de régime pauvre en glucides, en particulier lorsqu’il est suivi sur une durée prolongée.

VI. Alternatives et bonnes pratiques

Si le régime cétogène strict peut convenir à certains profils bien encadrés, il reste difficile à maintenir sur le long terme et comporte des risques nutritionnels. De nombreux professionnels de santé préconisent donc des formes plus modérées, plus souples et mieux équilibrées de réduction glucidique, compatibles avec une bonne santé globale et une alimentation variée.

VI.1 Différencier les “bons” et les “mauvais” régimes low-carb

Toutes les formes de low-carb ne se valent pas. La qualité des aliments consommés au sein d’un régime pauvre en glucides est plus déterminante que le simple pourcentage de glucides.

Exemples de régimes low-carb déséquilibrés :

  • Excès de viandes transformées (bacon, charcuteries)

  • Graisses saturées en grande quantité (beurre, crème, fromage)

  • Faible apport en légumes, fruits et fibres

  • Absence de diversité alimentaire

Exemples de régimes low-carb équilibrés :

  • Riches en légumes à faible index glycémique (épinards, brocolis, courgettes)

  • Apports modérés en protéines de qualité (poissons, œufs, volaille)

  • Sources de bonnes graisses (avocat, huile d’olive, noix, graines)

  • Inclusion d’aliments fermentés (kéfir, choucroute crue) pour le microbiote

Un régime low-carb de qualité peut donc réduire les glucides sans compromettre la diversité, la densité nutritionnelle et la santé à long terme.

VI.2 Peut-on suivre un low-carb “sain” à long terme ?

Oui, à condition de respecter certains principes fondamentaux :

  • Ne pas viser la cétose stricte en permanence, sauf indication médicale claire. Une réduction modérée des glucides (par exemple 80–130 g/jour) permet souvent d’obtenir des bénéfices métaboliques sans provoquer d’effets indésirables majeurs.

  • Inclure suffisamment de fibres : même avec moins de glucides, il est possible d’atteindre 25 à 30 g de fibres par jour via les légumes, les oléagineux, les graines de lin, les avocats, etc.

  • Maintenir un bon apport en vitamines et minéraux : consommer régulièrement des légumes variés, des herbes fraîches, des oléagineux et, si besoin, envisager une supplémentation ciblée (magnésium, vitamine D, B9…).

  • Limiter les graisses animales saturées et privilégier les sources végétales et marines (huile de colza, poissons gras, noix).

  • S’adapter à ses besoins réels : une personne sédentaire pourra se contenter d’une réduction modérée des glucides, tandis qu’un sportif actif aura besoin d’un apport plus élevé pour soutenir ses performances.

Un régime low-carb “propre” (clean low-carb) n’est pas incompatible avec les recommandations de santé publique, à condition d’être bien construit.

VI.3 Personnalisation : qui peut en bénéficier ?

Le succès d’une approche low-carb dépend de sa personnalisation. Elle peut s’avérer particulièrement pertinente dans les situations suivantes :

  • Surpoids ou obésité avec insulino-résistance : réduire les glucides rapides améliore la sensibilité à l’insuline et facilite la perte de masse grasse.

  • Diabète de type 2 ou prédiabète : en complément d’un traitement médical, le low-carb peut stabiliser la glycémie et éviter les pics postprandiaux.

  • Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) : plusieurs études suggèrent qu’un régime pauvre en glucides peut améliorer le profil hormonal et la régularité menstruelle.

  • Troubles du comportement alimentaire hyperphagiques : chez certains profils, une alimentation low-carb bien encadrée peut réduire les fringales liées aux variations glycémiques.

En revanche, les personnes à risque de carences, de dénutrition ou de troubles alimentaires restrictifs ne devraient jamais adopter ce type de régime sans supervision.

VI.4 Le rôle du professionnel de santé

La réduction des glucides, même partielle, gagne à être encadrée par un professionnel de santé ou un diététicien-nutritionniste, en particulier lorsqu’elle concerne :

  • des personnes sous traitement médical (insuline, hypolipémiants, antihypertenseurs) ;

  • des profils à risque cardiovasculaire ou rénal ;

  • des patients ayant déjà suivi plusieurs régimes restrictifs.

L’accompagnement permet de :

  • corriger les erreurs courantes (excès de graisses saturées, déficit en fibres),

  • adapter les quantités à l’évolution du poids et des marqueurs biologiques,

  • prévenir les effets indésirables (fatigue, constipation, hypoglycémies),

  • favoriser la réintégration progressive des glucides complexes à moyen terme si le régime a une visée transitoire.

En conclusion de cette section, plutôt que d’opposer les régimes cétogène, low-carb et “classiques”, il semble plus utile d’adopter une logique de qualité nutritionnelle et d’individualisation. Une alimentation pauvre en glucides peut être bénéfique pour certaines personnes, à condition d’être équilibrée, diversifiée et durable — loin des approches extrêmes ou médiatiques souvent peu fondées sur la science.

Conclusion

Le régime cétogène, ainsi que ses variantes low-carb plus modérées, représente aujourd’hui l’une des approches nutritionnelles les plus étudiées et les plus débattues dans le domaine de la santé métabolique. À travers une réduction marquée des apports glucidiques, ces stratégies visent à moduler le métabolisme énergétique, réduire l’insuline circulante et favoriser la mobilisation des graisses.

Les bénéfices à court terme sont aujourd’hui bien établis dans certaines situations :

  • perte de poids modérée à significative,

  • amélioration de la glycémie et de la sensibilité à l’insuline,

  • réduction des triglycérides,

  • diminution des fringales et meilleure régulation de l’appétit.

Le régime cétogène s’avère par ailleurs thérapeutiquement utile dans le cadre de l’épilepsie résistante, et prometteur — mais encore expérimental — dans le traitement du diabète de type 2, de certains troubles neurologiques ou psychiatriques (Alzheimer, bipolarité). Ces indications restent néanmoins très encadrées, et ne peuvent justifier une généralisation à l’ensemble de la population.

En revanche, plusieurs zones de risque et d’incertitude persistent :

  • effets secondaires lors de la phase d’adaptation (grippe cétogène, troubles digestifs, fatigue),

  • élévation possible du cholestérol LDL,

  • carences micronutritionnelles en cas de régime mal conçu,

  • difficulté de maintien à long terme (adhésion, effet yo-yo, lassitude),

  • manque de recul sur les conséquences cardiovasculaires, hépatiques ou osseuses à long terme.

Les institutions de santé publique et les sociétés savantes s’accordent ainsi sur une position de prudence :

ces régimes peuvent avoir un intérêt dans des contextes spécifiques, bien ciblés, mais ne doivent pas être promus comme une solution universelle.

Pour la majorité des personnes, une approche low-carb raisonnée, bien construite sur le plan nutritionnel, peut représenter une alternative temporaire ou une phase d’initiation vers un mode alimentaire plus sain, à condition qu’elle soit personnalisée, encadrée et durable.

Enfin, il importe de rappeler que la qualité des aliments reste plus déterminante que la quantité de glucides en soi. Une alimentation riche en légumes, en bonnes graisses, en protéines de qualité et en fibres reste la base d’une stratégie nutritionnelle préventive et thérapeutique, quel que soit le niveau de glucides.

Ainsi, au lieu de chercher un régime unique ou miracle, la priorité devrait être donnée à une alimentation cohérente avec le mode de vie, les préférences individuelles et l’état de santé, en s’appuyant sur les conseils de professionnels formés.