Cannabis

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Le cannabis est aujourd’hui la substance illicite la plus consommée en France. Selon les données de Santé publique France, plus de 40 % des adultes l’ont expérimenté au cours de leur vie, et environ 1,5 million de personnes en font un usage régulier. Cette prévalence élevée contraste avec les représentations sociales encore très polarisées : le cannabis est perçu tantôt comme une substance naturelle inoffensive, tantôt comme une menace sociale ou un déclencheur de troubles psychiatriques.

À la différence de l’alcool ou du tabac, son statut légal reste instable et évolutif : interdit dans la majorité des contextes, mais partiellement autorisé dans un cadre médical dans plusieurs pays, dont une expérimentation en cours en France.

Cette complexité rend nécessaire une approche rigoureuse, fondée sur les données cliniques, neurobiologiques et épidémiologiques. Le cannabis agit sur le cerveau de manière directe, modifie la perception, l’humeur, les fonctions cognitives, et peut dans certains cas entraîner une dépendance. Ses effets varient selon la fréquence d’usage, l’âge d’exposition, la composition du produit et le terrain psychologique de l’usager.

Cet article propose de faire le point sur les mécanismes d’action du cannabis, ses effets démontrés sur le corps et l’esprit, le potentiel thérapeutique discuté, et les modalités de prise en charge des usages problématiques, dans une perspective neutre, accessible et fondée sur la recherche scientifique.

I. Représentations sociales et perception du risque

1. Une image ambivalente et générationnelle

Le cannabis occupe une place singulière dans l’imaginaire collectif. Il est à la fois considéré comme produit festif, récréatif, relaxant ou naturel, et perçu comme une substance illicite, source potentielle de marginalité ou de désengagement social. Cette ambivalence tient autant à son statut juridique qu’à son histoire culturelle.

Les enquêtes sociologiques (notamment celles de Peretti-Watel et Spire) montrent que les jeunes générations perçoivent le cannabis de manière nettement moins dangereuse que l’alcool ou le tabac. La banalisation de son usage dans certains cercles sociaux, notamment en milieu urbain ou universitaire, contribue à une sous-estimation des risques sanitaires réels, en particulier en ce qui concerne la santé mentale ou la dépendance.

À l’inverse, les représentations stigmatisantes persistent dans d’autres contextes : le cannabis est parfois associé, dans le discours public ou judiciaire, à l’échec scolaire, au passage à d’autres drogues, ou à la délinquance, bien que ces corrélations soient loin d’être systématiques.

2. Banalisation chez les jeunes, vigilance institutionnelle

Selon les données du Baromètre Santé (2021), environ 50 % des 18–25 ans ont expérimenté le cannabis, et près de 10 % en font un usage régulier. Ce chiffre, stable depuis plusieurs années, reste élevé au regard des autres pays européens.

Dans le même temps, les enquêtes de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) soulignent une baisse de la perception du risque chez les adolescents : plus la consommation est fréquente dans l’environnement social immédiat, plus elle est jugée « normale ».

Cette évolution rend le repérage précoce plus difficile, notamment dans les contextes scolaires ou universitaires, où l’usage occasionnel peut masquer une consommation problématique en cours d’installation.

3. Une stigmatisation sélective

La perception du cannabis varie fortement selon le milieu social, le type d’usage (festif, automédication, usage intensif), ou encore l’origine ethnique perçue de l’usager. Plusieurs travaux en santé publique soulignent que la répression judiciaire de l’usage simple touche de manière disproportionnée les jeunes hommes issus de milieux précaires, alors même que l’usage global est transversal dans la population.

Cette stigmatisation, tout comme la tolérance excessive dans d’autres cercles, peuvent constituer des obstacles à l’accès au soin. L’absence de neutralité sociale du regard porté sur le cannabis contribue à retarder la reconnaissance de troubles émergents (troubles anxieux, dépendance, difficultés scolaires ou professionnelles), en particulier chez les jeunes usagers réguliers.

II. Définition clinique et produits concernés

1. Le cannabis et ses dérivés

Le terme cannabis désigne les produits issus de la plante Cannabis sativa ou Cannabis indica, consommés pour leurs effets psychoactifs. On distingue plusieurs formes :

  • Herbe (marijuana) : sommités fleuries séchées ;

  • Résine (haschich) : exsudat compressé des glandes résineuses ;

  • Huiles ou concentrés : extraits riches en principes actifs, souvent plus puissants.

Les modes de consommation les plus courants incluent le joint fumé avec ou sans tabac, l’inhalation par vaporisation, et plus rarement l’ingestion orale (produits alimentaires, infusions).

2. Composants actifs : THC et CBD

Les principaux principes actifs du cannabis sont les cannabinoïdes, dont les deux plus étudiés sont :

  • THC (Δ9-tétrahydrocannabinol) : principal agent psychoactif. Il agit sur les récepteurs CB1 du cerveau, responsables des effets de modification de l’humeur, de la perception et des fonctions cognitives. Le THC est également le principal responsable des effets secondaires psychiatriques (anxiété, psychose, troubles de la mémoire).

  • CBD (cannabidiol) : non psychoactif, il agit de manière modératrice sur certains effets du THC. Des études suggèrent qu’il possède des propriétés anxiolytiques, anti-inflammatoires et anticonvulsivantes. Il est parfois utilisé à visée thérapeutique, bien que ses effets exacts nécessitent encore des recherches approfondies.

Les variétés actuelles de cannabis (issues de croisements en culture contrôlée) présentent des taux de THC beaucoup plus élevés qu’auparavant (parfois >15 %, voire 25 %), ce qui augmente les risques d’effets indésirables et de dépendance, notamment chez les jeunes.

3. Cadre clinique et classification

Sur le plan médical, le trouble de l’usage de cannabis est défini par le DSM-5 comme une consommation répétée entraînant :

  • Une perte de contrôle (quantité, fréquence) ;

  • Une tolérance et un sevrage à l’arrêt ;

  • Une poursuite de la consommation malgré des dommages ;

  • Un retentissement sur le fonctionnement personnel, social ou scolaire/professionnel.

La CIM-11 (OMS) distingue également l'usage nocif (trouble isolé mais à impact clinique) de la dépendance avérée (état pathologique nécessitant une prise en charge structurée).

L’usage simple (expérimentation, consommation occasionnelle) ne constitue pas en soi un trouble, mais peut évoluer vers une problématique plus grave en fonction de la fréquence, de l’âge de début, de la vulnérabilité individuelle et du contexte.

III. Mécanismes d’action et dépendance

1. Action sur le système endocannabinoïde

Le cannabis agit principalement sur le système endocannabinoïde, un réseau de récepteurs présents dans le cerveau et dans tout l’organisme. Le principal récepteur impliqué dans les effets psychoactifs est le CB1, situé notamment dans le cortex préfrontal, l’hippocampe, les ganglions de la base et le cervelet.

Le THC, principal agent psychoactif du cannabis, se lie aux récepteurs CB1, où il perturbe la régulation de plusieurs neurotransmetteurs (dopamine, GABA, glutamate, sérotonine). Ces modifications expliquent les effets immédiats sur l’humeur, la perception sensorielle, la mémoire de travail, la coordination motrice et la prise de décision.

À plus long terme, la stimulation répétée du système endocannabinoïde peut provoquer une désensibilisation des récepteurs, entraînant des adaptations neurochimiques durables, à l’origine de certains effets cognitifs ou psychiatriques observés chez les consommateurs réguliers.

2. Effets recherchés et réponses individuelles

Les effets du cannabis varient selon la dose, la teneur en THC, la voie d’administration, le contexte d’usage, et les caractéristiques individuelles (âge, état psychique, antécédents).

Parmi les effets recherchés les plus fréquents :

  • Relaxation, euphorie légère, sensation de flottement ;

  • Modification des perceptions sensorielles (sons amplifiés, vision altérée, impression de ralentissement du temps) ;

  • Facilitation de la créativité ou du dialogue intérieur ;

  • Soulagement transitoire de l’anxiété ou de l’ennui.

Chez certaines personnes, notamment les usagers peu expérimentés ou anxieux, ces effets peuvent être inversés : apparition de crises d’angoisse, paranoïa, ou désorganisation de la pensée, parfois de façon brutale.

3. Dépendance : fréquence, mécanismes et symptômes

Contrairement à une idée reçue, le cannabis peut induire une véritable dépendance. Celle-ci concerne environ 9 à 10 % des expérimentateurs, mais ce taux grimpe à 15–17 % chez les usagers réguliers, et jusqu’à 1 sur 4 chez les consommateurs quotidiens, selon les données de l’OFDT et des CDC américains.

La dépendance au cannabis repose sur :

  • Des mécanismes neuroadaptatifs (tolérance, altération des circuits de régulation émotionnelle) ;

  • Un usage compulsif, avec craving (envie irrépressible) ;

  • Un syndrome de sevrage, qui peut apparaître dès 24 à 48 heures après l’arrêt chez les usagers réguliers.

Les symptômes de sevrage incluent :

  • Irritabilité, nervosité, agitation ;

  • Troubles du sommeil (difficulté d’endormissement, cauchemars) ;

  • Diminution de l’appétit, humeur dépressive, anxiété transitoire ;

  • Envies intenses de consommer à nouveau.

Bien qu’en général modéré, ce sevrage peut suffire à entretenir la consommation, notamment lorsqu’il est mal reconnu ou banalisé.

IV. Effets sur le corps et la santé

1. Effets à court terme

a. Cognition et vigilance

Le cannabis perturbe transitoirement plusieurs fonctions cognitives, en particulier :

  • L’attention soutenue et la concentration ;

  • La mémoire de travail (capacité à maintenir et manipuler des informations à court terme) ;

  • La coordination motrice et la perception du temps.

Ces effets, bien que réversibles à court terme, augmentent significativement le risque d’accidents, notamment de la route : le risque d’accident double dans les trois heures suivant une consommation. La combinaison avec l’alcool aggrave considérablement ce risque (effet synergique).

b. Épisodes anxieux ou confusionnels

Chez certains sujets, en particulier les primo-consommateurs ou ceux exposés à des teneurs élevées en THC, peuvent survenir :

  • Crises d’angoisse aiguë, sensations de panique, tachycardie ;

  • Dépersonnalisation, paranoïa transitoire, troubles de l’orientation ;

  • Rarement : syndrome confusionnel aigu ou agitation psychotique.

Ces effets sont généralement réversibles mais peuvent être impressionnants, notamment dans les produits à très forte teneur en THC (>20 %).

2. Effets à long terme

a. Système respiratoire

La combustion du cannabis, souvent associée à du tabac, expose à des substances irritantes, cancérogènes et toxiques similaires à celles de la fumée de cigarette (goudrons, hydrocarbures aromatiques). Les conséquences peuvent inclure :

  • Toux chronique, bronchites répétées, sifflements respiratoires ;

  • Altération de la fonction pulmonaire chez les gros fumeurs ;

  • Bien que le lien entre cannabis fumé et cancer du poumon soit plus difficile à établir de façon isolée (du fait des associations fréquentes avec le tabac), la présence d’agents cancérigènes est bien démontrée.

b. Système cardiovasculaire

Le THC entraîne une augmentation de la fréquence cardiaque et parfois de la tension artérielle. Chez les sujets à risque (hypertension, antécédents cardiaques), cela peut précipiter :

  • Des troubles du rythme ;

  • Des infarctus précoces (cas rapportés chez de jeunes adultes en bonne santé après usage intense) ;

  • Des malaises par hypotension orthostatique.

3. Risques psychiatriques et cognitifs durables

a. Troubles psychotiques

Chez les sujets vulnérables génétiquement ou sur un terrain préexistant, le cannabis peut précipiter ou aggraver des troubles psychotiques. Plusieurs études longitudinales (ex : Dunedin Study, Zammit et al.) ont montré une corrélation forte entre consommation précoce et fréquence/intensité des symptômes psychotiques (idées délirantes, hallucinations, désorganisation).

Le risque est particulièrement accru :

  • En cas de début avant 16–17 ans ;

  • Avec une consommation fréquente et à haute teneur en THC ;

  • Chez les personnes ayant des antécédents familiaux de schizophrénie ou de trouble bipolaire.

b. Symptômes anxieux et dépressifs

L’usage régulier est associé à une augmentation du risque de troubles anxieux ou dépressifs, même si la relation de causalité directe reste difficile à établir (effet direct ou automédication ?). Chez les sujets jeunes, une consommation régulière est associée à un risque accru d’abandon scolaire, d’isolement social, et de difficultés émotionnelles.

c. Déclin cognitif à long terme

Des études menées notamment chez les adolescents (Meier et al., 2012) montrent que l’usage régulier avant l’âge adulte est associé à une diminution des performances cognitives globales, persistante même après arrêt prolongé chez certains sujets. Cela inclut des troubles :

  • De la mémoire à long terme ;

  • De la vitesse de traitement ;

  • Des fonctions exécutives.

Chez l’adulte, ces effets sont moindres et plus réversibles si la consommation est arrêtée de manière durable.

V. Usages thérapeutiques et débats

1. Potentiel thérapeutique du cannabis médical

Au-delà de son usage récréatif, le cannabis fait l’objet de recherches cliniques depuis plusieurs décennies pour son potentiel dans le traitement de certains symptômes résistants aux traitements conventionnels. Ce champ d’application s’appuie principalement sur les cannabinoïdes purifiés ou standardisés, en particulier :

  • Le THC, aux propriétés antalgiques, antiémétiques et myorelaxantes ;

  • Le CBD, étudié pour ses effets anxiolytiques, anti-inflammatoires et anticonvulsivants.

Les formes utilisées médicalement diffèrent de celles du marché illicite : formulations précises, voie d’administration contrôlée (huiles sublinguales, capsules, vaporisation médicale), teneur stable en principes actifs.

2. Indications reconnues à l’international

Dans plusieurs pays (Canada, Allemagne, Israël, États-Unis – dans certains États), l’usage médical du cannabis est autorisé dans des indications spécifiques, généralement en situation d’échec des traitements standards. Les indications les plus documentées sont :

  • Douleurs neuropathiques chroniques (par exemple dans la sclérose en plaques ou les douleurs post-zostériennes) ;

  • Spasticité associée à la sclérose en plaques (efficacité modeste démontrée pour le spray oromuqueux à base de THC/CBD) ;

  • Nausées et vomissements liés à la chimiothérapie (effet antiémétique reconnu du THC) ;

  • Syndromes réfractaires d’épilepsie, notamment chez l’enfant (syndromes de Dravet ou de Lennox-Gastaut, traités par cannabidiol pharmaceutique) ;

  • Perte d’appétit ou cachexie (en soins palliatifs ou VIH, usage plus marginal aujourd’hui).

Dans ces contextes, les cannabinoïdes ne constituent pas des traitements de première intention, mais des options de recours, soumises à évaluation médicale stricte.

3. Situation en France

Depuis mars 2021, la France a mis en place une expérimentation nationale du cannabis à usage médical, sous l’égide de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament). Ce protocole, mené auprès de plusieurs milliers de patients, concerne cinq indications :

  1. Douleurs neuropathiques réfractaires ;

  2. Spasticité sévère dans la sclérose en plaques ;

  3. Soins palliatifs (douleur, anxiété, appétit) ;

  4. Certaines formes rares d’épilepsie sévère ;

  5. Effets secondaires des chimiothérapies.

Les résultats initiaux, attendus pour évaluation en 2025, visent à déterminer la faisabilité, la sécurité, la tolérance et l’acceptabilité du cannabis médical en système de santé français. La question d’une intégration durable dans l’arsenal thérapeutique sera débattue sur cette base.

4. Distinction essentielle entre usage médical et usage récréatif

Il est essentiel de distinguer l’usage médical encadré par prescription et suivi, de l’usage récréatif, souvent non maîtrisé, avec des produits non standardisés et des teneurs variables en THC/CBD.

Les données disponibles indiquent que, même dans les indications validées, les effets sont modérés, et ne concernent qu’un sous-ensemble bien identifié de patients. Les effets indésirables sont également possibles : somnolence, troubles cognitifs, vertiges, aggravation de troubles psychiatriques.

La prudence reste donc de mise dans l’élargissement de ces usages, en particulier en l’absence de données robustes à long terme.


VI. Prise en charge et accompagnement des usages problématiques

1. Dépistage et évaluation clinique

Le repérage des usages problématiques de cannabis repose sur une évaluation clinique structurée, prenant en compte plusieurs dimensions :

  • Fréquence et quantité de consommation ;

  • Motifs d’usage (loisirs, gestion émotionnelle, automédication) ;

  • Retentissement sur la vie personnelle, scolaire, sociale ou professionnelle ;

  • Présence de symptômes de dépendance : perte de contrôle, craving, tolérance, sevrage.

Des outils de dépistage validés peuvent être utilisés en première intention, comme le CAST (Cannabis Abuse Screening Test), recommandé par l’OFDT pour les adolescents et jeunes adultes.

L’évaluation vise également à repérer les facteurs de vulnérabilité associés : troubles anxieux ou dépressifs, isolement, consommation d’autres substances (alcool, tabac, benzodiazépines), antécédents psychiatriques personnels ou familiaux.

2. Interventions brèves et éducation précoce

Chez les usagers occasionnels ou en début d’usage régulier, des interventions brèves et ciblées, menées en médecine générale, milieu scolaire, universitaire ou en consultation jeunes consommateurs (CJC), peuvent suffire.

Ces interventions reposent sur :

  • Un entretien non stigmatisant, fondé sur l’écoute et l’information ;

  • La restitution personnalisée du niveau de risque ;

  • Une discussion sur les attentes, les contextes d’usage et les alternatives possibles ;

  • La valorisation des compétences d’auto-régulation, sans injonction d’arrêt immédiat.

Les programmes de prévention efficaces s’appuient sur la logique de réduction des risques, en favorisant la prise de conscience plutôt que l’interdiction stricte.

3. Sevrage et accompagnement spécialisé

En cas de dépendance établie, ou de troubles associés, une prise en charge plus structurée est recommandée. Elle peut inclure :

a. Thérapies motivationnelles

Les entretiens motivationnels sont particulièrement indiqués pour les patients ambivalents vis-à-vis de l’arrêt. Ils aident à clarifier les valeurs, les contradictions internes, et à renforcer l’autonomie décisionnelle.

b. Thérapies cognitivo-comportementales (TCC)

Les TCC permettent d’identifier les déclencheurs du craving, de restructurer les pensées automatiques associées à la consommation, et de mettre en place des stratégies de remplacement (gestion du stress, émotions, organisation du temps).

c. Suivi en CSAPA

Les Centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) offrent un suivi pluridisciplinaire (médecins, psychologues, éducateurs). Ils sont particulièrement adaptés en cas de :

  • Trouble de l’usage sévère ou rechutes multiples ;

  • Comorbidité psychiatrique ;

  • Isolement social, déscolarisation, précarité.

4. Traitements médicamenteux

Il n’existe actuellement aucun traitement médicamenteux spécifiquement validé pour le sevrage ou le maintien de l’abstinence au cannabis. Toutefois, certaines approches peuvent être utilisées de manière symptomatique :

  • Benzodiazépines à court terme en cas d’anxiété sévère (avec prudence, en raison du risque de dépendance) ;

  • Antidépresseurs en cas de trouble de l’humeur associé, après évaluation psychiatrique ;

  • Compléments comportementaux (sommeil, relaxation, hygiène de vie).

Des essais cliniques sont en cours sur le CBD, les agonistes partiels des récepteurs CB1, ou des antagonistes dopaminergiques, mais aucun traitement de référence n’est aujourd’hui disponible.

Conclusion

Le cannabis est une substance psychoactive largement répandue, dont les effets sont complexes, variables et dépendants de nombreux facteurs : composition du produit, fréquence d’usage, âge de début, vulnérabilités individuelles.

S’il peut induire des effets recherchés tels que la relaxation ou l’altération des perceptions, son usage régulier expose à des risques démontrés sur la santé mentale, la cognition et le fonctionnement quotidien, en particulier chez les jeunes.

Le trouble de l’usage de cannabis, bien que souvent sous-estimé, constitue une réalité clinique identifiable et prise en charge dans le cadre des soins en addictologie. Des approches thérapeutiques validées existent, centrées sur l’accompagnement, la motivation au changement et la réduction des risques.

Dans certains contextes médicaux ciblés, l’usage encadré de cannabinoïdes peut représenter une option complémentaire, mais ne doit pas être confondu avec l’usage récréatif, dont les risques sont bien établis à long terme.

L’enjeu, pour les professionnels comme pour le grand public, est de dépasser les représentations simplistes pour aborder le cannabis comme un objet de santé à part entière, avec ses effets potentiels, ses usages différenciés et ses conséquences possibles — sans stigmatiser ni banaliser.