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Comment notre culture influence notre psychologie
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La culture joue un rôle fondamental dans la façon dont nous pensons, ressentons et interagissons avec le monde qui nous entoure. Bien qu’il soit facile d’imaginer que nos pensées, nos émotions ou nos comportements soient universels, la psychologie culturelle montre clairement que ces aspects essentiels de notre vie sont profondément influencés par le contexte culturel dans lequel nous grandissons et évoluons (Heine, 2015).
En effet, la culture ne se résume pas simplement à des coutumes ou des traditions ; elle constitue un véritable cadre mental qui façonne la manière dont nous percevons le monde, dont nous exprimons nos émotions, dont nous construisons notre identité et même la façon dont nous vivons et interprétons la souffrance psychologique (Markus & Kitayama, 1991 ; Kirmayer, 2001). Les recherches de psychologues comme Richard Nisbett (2003), Hazel Markus et Shinobu Kitayama (1991), ou encore Geert Hofstede (1980) ont démontré avec précision que nos contextes culturels déterminent fortement nos perceptions, nos valeurs et nos comportements quotidiens.
Cet article vise donc à explorer en profondeur la manière dont la culture influence notre psychologie, afin de mieux comprendre comment ces différences culturelles façonnent non seulement notre expérience individuelle, mais également nos interactions sociales et nos perceptions de la santé mentale. En apprenant à mieux cerner ce prisme culturel, nous pourrons ainsi favoriser une meilleure compréhension interculturelle, une plus grande ouverture d’esprit, et un dialogue constructif face à la diversité humaine.
I. Qu’est-ce que la culture selon la psychologie ?
La notion de culture occupe une place centrale en psychologie, car elle constitue le cadre invisible mais puissant au travers duquel nous percevons et interprétons notre expérience du monde. Cependant, bien définir ce qu’est la culture demeure essentiel pour mieux comprendre comment elle influence concrètement notre psychologie.
1.1. Définition précise du concept de culture
Selon Harry Triandis (1994), psychologue américain pionnier en psychologie interculturelle, la culture peut être définie comme un ensemble de croyances, valeurs, normes, attitudes et comportements partagés par un groupe social donné et transmis d’une génération à l’autre par l’intermédiaire des processus de socialisation. Autrement dit, la culture ne se limite pas simplement aux traditions visibles comme les rites ou les célébrations, mais inclut aussi des éléments plus subtils et profonds tels que la manière de percevoir les relations humaines, les émotions, ou encore le sens même de la vie.
Ce concept de culture permet ainsi de saisir pourquoi les individus appartenant à des groupes culturels différents peuvent percevoir le monde et réagir face à des situations similaires de manière très variée.
1.2. Pourquoi étudier la culture en psychologie ?
La prise en compte de la culture est cruciale en psychologie, car elle enrichit considérablement notre compréhension du comportement humain. Selon Steven Heine (2015), spécialiste en psychologie culturelle, ignorer la dimension culturelle reviendrait à supposer erronément que tous les êtres humains pensent et ressentent de manière identique, alors que les différences culturelles influencent profondément la façon dont nous percevons, pensons, ressentons, et agissons au quotidien.
Par exemple, des comportements jugés normaux ou appropriés dans une culture donnée peuvent être perçus comme étranges, inadaptés, voire incompréhensibles dans une autre culture. Ainsi, étudier la psychologie culturelle aide non seulement à mieux comprendre ces différences, mais aussi à valoriser la richesse de la diversité humaine et à mieux gérer les interactions interculturelles dans un monde de plus en plus globalisé (Berry, Poortinga, Breugelmans, Chasiotis, & Sam, 2011).
II. Culture, cognition et perception : comment la culture influence notre façon de penser
Parmi les nombreux aspects influencés par la culture, la façon dont nous percevons et pensons le monde occupe une place essentielle. La psychologie culturelle a mis en évidence des différences importantes entre les modes de pensée des cultures dites « occidentales » (notamment européennes et nord-américaines) et celles des cultures dites « orientales » (principalement asiatiques), montrant comment nos contextes culturels façonnent profondément notre cognition et notre perception.
2.1. Pensée analytique vs pensée holistique : les recherches de Richard Nisbett
Le psychologue américain Richard Nisbett (2003) a réalisé des recherches pionnières sur les différences culturelles dans la cognition. Selon ses travaux, les personnes issues de cultures occidentales tendent à adopter une pensée analytique, qui consiste à percevoir le monde en termes d’objets distincts et de catégories précises, en se concentrant principalement sur les détails individuels. Par exemple, en observant une scène complexe, elles privilégient souvent les objets centraux ou isolés plutôt que le contexte global.
À l’inverse, les personnes issues des cultures orientales (comme la Chine, le Japon ou la Corée) ont tendance à utiliser une pensée holistique, caractérisée par une attention portée aux relations globales et au contexte dans son ensemble. Dans ces cultures, le contexte et l’interdépendance des éléments sont jugés aussi importants, voire plus, que les objets individuels eux-mêmes (Nisbett, Peng, Choi, & Norenzayan, 2001).
Ces différences cognitives fondamentales se manifestent clairement dans de nombreuses situations quotidiennes : ainsi, les Occidentaux sont plus susceptibles d’attribuer des comportements à des causes internes (traits de personnalité), tandis que les Orientaux attribuent davantage les comportements à des facteurs externes (situations ou contextes) (Morris & Peng, 1994).
2.2. Langage et pensée : l’hypothèse de Sapir-Whorf
Un autre aspect clé de l’influence culturelle sur la cognition concerne la relation entre le langage et la pensée. L’hypothèse de Sapir-Whorf, formulée initialement par Edward Sapir et Benjamin Lee Whorf, propose que le langage que nous parlons influence profondément notre manière de percevoir et de comprendre le monde (Boroditsky, 2001).
Des recherches récentes ont montré que certaines caractéristiques linguistiques influencent clairement la cognition : par exemple, des langues différentes catégorisent différemment les couleurs, l’espace, le temps ou même les émotions, ce qui affecte concrètement la perception de leurs locuteurs (Boroditsky, Fuhrman, & McCormick, 2011). Ainsi, une même situation vécue par des individus parlant des langues différentes peut être interprétée et ressentie de manière sensiblement différente, simplement en raison des structures linguistiques spécifiques à chaque langue.
III. Culture et émotions : expression universelle ou diversité culturelle ?
Un des débats centraux de la psychologie culturelle concerne la question de savoir si les émotions humaines sont universelles ou si elles varient profondément d’une culture à l’autre. Alors que certains chercheurs soulignent l’universalité des émotions fondamentales, d’autres mettent en évidence des différences significatives dans la manière dont elles sont ressenties, exprimées et régulées selon les cultures.
3.1. Paul Ekman et les émotions universelles
Le psychologue américain Paul Ekman (1992) a conduit des études pionnières montrant que certaines émotions fondamentales sont universelles et communes à toutes les cultures humaines. Selon Ekman, ces émotions universelles incluent notamment la joie, la tristesse, la peur, la colère, la surprise et le dégoût. Il a démontré que les expressions faciales associées à ces émotions de base sont reconnues spontanément et de façon très similaire par des individus issus de cultures extrêmement variées, même dans des contextes très éloignés géographiquement et culturellement.
Ces recherches suggèrent donc que malgré les différences culturelles, une certaine base biologique et psychologique universelle sous-tend nos réactions émotionnelles fondamentales, confirmant l’idée que les émotions de base sont en grande partie inscrites dans notre nature humaine (Ekman & Friesen, 1971).
3.2. Différences culturelles dans l’expression émotionnelle
Toutefois, malgré cette base universelle, la manière dont les émotions sont exprimées et régulées diffère sensiblement selon les contextes culturels. Par exemple, le psychologue américain David Matsumoto (2001) a mis en évidence des différences importantes entre les cultures individualistes (comme les États-Unis ou l’Europe occidentale) et collectivistes (comme le Japon ou la Chine) dans les normes d’expression émotionnelle.
Dans les cultures individualistes, l’expression directe et explicite des émotions est souvent encouragée, car elle est perçue comme un signe d’authenticité personnelle. À l’inverse, dans de nombreuses cultures collectivistes, il est courant de contrôler ou de masquer ses émotions, notamment négatives, afin de préserver l’harmonie sociale et de respecter les attentes du groupe (Matsumoto, Yoo, & Fontaine, 2008).
Ainsi, les normes culturelles influencent non seulement comment les individus expriment leurs émotions, mais également comment ils les vivent intérieurement. Comprendre ces variations culturelles est essentiel pour interpréter correctement les émotions d’autrui et pour interagir efficacement dans des contextes interculturels.
IV. La construction culturelle de l’identité et du concept de soi
La culture influence profondément la manière dont nous définissons notre identité personnelle et notre concept du « soi ». En psychologie culturelle, cette dimension est particulièrement mise en évidence par les travaux sur l’individualisme et le collectivisme, ainsi que par les recherches de Hazel Markus et Shinobu Kitayama sur le soi indépendant et interdépendant.
4.1. Individualisme et collectivisme : les dimensions culturelles selon Geert Hofstede
Le psychologue néerlandais Geert Hofstede (1980) a été l’un des premiers à identifier clairement deux grandes orientations culturelles : l’individualisme et le collectivisme. Selon Hofstede, les sociétés individualistes (par exemple les États-Unis ou l’Europe occidentale) valorisent l’autonomie personnelle, la liberté individuelle et les objectifs personnels. À l’inverse, les sociétés collectivistes (par exemple le Japon, la Chine ou de nombreuses cultures africaines et latino-américaines) mettent en avant l’importance du groupe, l’harmonie sociale, la solidarité collective et l’interdépendance.
Ces dimensions influencent directement la façon dont les individus se perçoivent eux-mêmes et interagissent avec les autres. Par exemple, dans les cultures individualistes, les personnes ont tendance à définir leur identité principalement à travers leurs caractéristiques personnelles, leurs talents ou leurs accomplissements individuels. À l’inverse, dans les cultures collectivistes, les individus définissent leur identité davantage à travers leurs relations sociales, leurs rôles familiaux, et leur appartenance à divers groupes sociaux (Triandis, 1995).
4.2. Soi indépendant vs soi interdépendant : les recherches de Hazel Markus et Shinobu Kitayama
Prolongeant les travaux d’Hofstede, Hazel Markus et Shinobu Kitayama (1991) ont développé le concept de « soi indépendant » et de « soi interdépendant » pour expliquer comment la culture structure notre identité personnelle.
Selon leurs recherches, dans les cultures occidentales individualistes, le « soi indépendant » prédomine : les individus se perçoivent comme des entités autonomes, séparées des autres, et valorisent leur singularité, leur indépendance et leurs aspirations personnelles.
Au contraire, dans les cultures collectivistes, le « soi interdépendant » est plus répandu : les individus se définissent en grande partie à travers leurs relations aux autres, l’harmonie sociale et l’appartenance à des groupes. Dans ces contextes, les personnes attachent une grande importance à la prise en compte des besoins des autres et à la conformité aux normes du groupe, plutôt qu’à l’expression de leur singularité personnelle.
Ces différences dans le concept de soi influencent profondément la manière dont les individus interagissent, prennent des décisions, ressentent leurs émotions, et même la manière dont ils perçoivent leur propre bien-être et leur épanouissement personnel (Markus & Kitayama, 1991).
Cette quatrième section permet ainsi de montrer clairement comment les dimensions culturelles structurent notre manière de penser notre propre identité et façonnent directement nos interactions sociales quotidiennes.
V. Culture et santé mentale : comment les cultures influencent la perception des troubles psychologiques
La culture ne façonne pas seulement nos émotions, nos pensées ou notre identité ; elle influence aussi profondément la façon dont nous percevons, interprétons et exprimons les troubles psychologiques. La psychologie interculturelle et clinique a mis en évidence des différences importantes entre les cultures dans la manière de comprendre et de traiter la souffrance mentale.
5.1. Expression et interprétation culturelle des troubles psychologiques
Selon Laurence Kirmayer (2001), psychiatre spécialiste des troubles mentaux interculturels, les symptômes psychologiques tels que la dépression ou l’anxiété ne s’expriment pas nécessairement de la même façon dans toutes les cultures. Par exemple, dans certaines cultures asiatiques, la détresse émotionnelle ou psychologique peut davantage s’exprimer à travers des symptômes somatiques (douleurs physiques, fatigue), tandis que dans les sociétés occidentales, les symptômes émotionnels ou cognitifs (tristesse, pensées négatives) sont généralement plus explicitement évoqués.
Ainsi, une même souffrance psychologique peut être vécue et décrite très différemment selon le contexte culturel. Ces variations influencent directement le diagnostic et la prise en charge thérapeutique, nécessitant ainsi une compréhension fine du contexte culturel pour éviter des malentendus ou des erreurs de traitement (Kleinman, 1987).
5.2. Pratiques thérapeutiques interculturelles
La diversité culturelle impose une adaptation spécifique des pratiques thérapeutiques afin de mieux répondre aux besoins variés des individus. Selon Derald Wing Sue et David Sue (2003), psychologues experts en thérapie interculturelle, une approche thérapeutique efficace doit impérativement tenir compte des croyances, des valeurs et des attentes culturelles du patient.
Cela implique par exemple d’adapter les techniques thérapeutiques en fonction des modèles culturels dominants : certaines cultures privilégient des approches centrées sur l’harmonie sociale ou familiale plutôt que sur l’exploration individuelle profonde privilégiée par la psychothérapie occidentale. De même, des approches thérapeutiques telles que les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ou la pleine conscience doivent parfois être modifiées pour être pertinentes dans différents contextes culturels (Hwang, Myers, Abe-Kim, & Ting, 2008).
En intégrant systématiquement la dimension culturelle, les thérapeutes peuvent ainsi offrir des soins psychologiques mieux adaptés, permettant aux individus issus de cultures variées de bénéficier pleinement d’un soutien psychologique efficace et respectueux de leur identité culturelle.
VI. Communication interculturelle : mieux comprendre les interactions sociales entre cultures
Dans un monde de plus en plus globalisé, les interactions entre individus de cultures différentes sont devenues une réalité quotidienne. Cependant, ces interactions interculturelles peuvent générer de nombreux malentendus, incompréhensions ou conflits. Comprendre les mécanismes psychologiques à l’œuvre dans la communication interculturelle est donc essentiel pour favoriser des relations harmonieuses et efficaces.
6.1. Origine psychologique des conflits interculturels
Les psychologues William Gudykunst et Young Yun Kim (2003) ont mis en évidence que les conflits interculturels proviennent souvent de différences subtiles dans les attentes, les valeurs ou les styles de communication propres à chaque culture. Par exemple, dans les cultures à contexte élevé (comme le Japon ou la Corée), les messages sont souvent indirects, implicites et nécessitent une interprétations basée sur le contexte relationnel et social. À l’inverse, dans les cultures à contexte faible (comme les États-Unis ou l’Allemagne), les messages sont généralement explicites et directs.
Ces différences peuvent entraîner des malentendus fréquents : une communication directe peut être perçue comme agressive ou irrespectueuse dans une culture à contexte élevé, tandis qu’une communication trop indirecte peut être jugée confuse ou inefficace dans une culture à contexte faible. Comprendre ces divergences permet ainsi de prévenir les malentendus et d’adopter une communication interculturelle plus adaptée (Hall, 1976).
6.2. Compétence culturelle et adaptation interculturelle
Développer une compétence culturelle est aujourd’hui une nécessité pour naviguer efficacement dans un contexte interculturel. Selon Milton Bennett (2004), spécialiste de la communication interculturelle, cette compétence se définit comme la capacité à comprendre, apprécier, et interagir efficacement avec des individus issus de cultures différentes de la sienne.
Bennett décrit notamment un processus d’adaptation interculturelle, passant par plusieurs étapes, allant de l’ethnocentrisme (où l’individu juge les autres cultures selon ses propres normes) jusqu’à l’ethnorelativisme (où l’individu reconnaît et valorise pleinement les différences culturelles). Il propose des méthodes pratiques pour développer cette compétence culturelle, telles que l’exposition directe à d’autres cultures, l’apprentissage conscient des différences culturelles, et l’entraînement à l’empathie interculturelle.
En cultivant cette compétence, les individus peuvent non seulement améliorer leurs interactions interculturelles, mais également enrichir profondément leur propre compréhension du monde et leur capacité à gérer efficacement les relations humaines dans une société globalisée.
Conclusion
Tout au long de cet article, nous avons pu explorer comment notre culture façonne profondément notre façon de penser, de ressentir, d’agir et d’interagir avec les autres. Depuis les recherches de Richard Nisbett (2003) sur les différences de perception et de cognition jusqu’aux travaux de Hazel Markus et Shinobu Kitayama (1991) sur l’identité culturelle du soi, en passant par les apports essentiels de Paul Ekman (1992) sur les émotions et de Geert Hofstede (1980) sur les dimensions culturelles, il apparaît clairement que la psychologie humaine ne peut être pleinement comprise sans tenir compte du contexte culturel.
Reconnaître ces différences culturelles permet non seulement de mieux comprendre les autres, mais également de mieux se comprendre soi-même. Cette prise de conscience est particulièrement cruciale dans des domaines sensibles tels que la santé mentale, où les expressions des troubles et les approches thérapeutiques doivent être adaptées aux contextes culturels variés (Kirmayer, 2001 ; Sue & Sue, 2003).
Enfin, dans un monde globalisé où les interactions interculturelles se multiplient, développer une compétence culturelle active, fondée sur l’empathie, l’ouverture d’esprit et la conscience des différences, devient une nécessité incontournable. Cette compétence favorise non seulement une meilleure communication interculturelle, mais aussi une coexistence harmonieuse, respectueuse et enrichissante pour tous (Bennett, 2004).
Ainsi, valoriser et intégrer pleinement la diversité culturelle dans notre compréhension psychologique représente une opportunité essentielle : celle d’enrichir profondément notre vision de l’humain, dans toute sa complexité et sa richesse.
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