Comprendre le deuil : Un chemin personnel

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Perdre quelqu’un, c’est perdre un repère fondamental. Rien ne prépare complètement à cette expérience. Le deuil peut provoquer un sentiment de vide, de colère, d’anesthésie émotionnelle, ou encore une combinaison fluctuante de ces ressentis. Ces réactions, parfois contradictoires, sont parfaitement normales. Les recherches contemporaines sur le deuil montrent clairement qu’il n’existe pas de chronologie universelle ni de processus standardisé : chaque deuil est profondément personnel et unique (Bonanno, 2009).

1. Ce que dit la recherche aujourd’hui sur le deuil

  • Le modèle traditionnel en cinq étapes (déni, colère, marchandage, dépression, acceptation) n’est plus considéré comme applicable à tous (Bonanno, 2009).

  • Le deuil ressemble davantage à des vagues émotionnelles fluctuantes, avec des moments d’accalmie suivis d’épisodes plus difficiles (Stroebe & Schut, 2010).

  • Entre 85 % et 90 % des personnes vivent leur deuil sans besoin de suivi psychologique spécialisé (Bonanno, 2004).

  • La plupart des individus retrouvent un équilibre émotionnel satisfaisant après quelques mois, malgré la persistance temporaire de hauts et de bas émotionnels (Bonanno, 2009).

La résilience face au deuil est naturelle, la douleur ressentie est légitime, et accélérer le processus est inutile et souvent contre-productif.

2. Ce que l’on peut ressentir (et qui est normal)

  • Une tristesse profonde, mais aussi des périodes inattendues de calme émotionnel.

  • De la culpabilité, même sans avoir commis d’acte particulier.

  • De la colère (envers la vie, soi-même, la personne disparue).

  • Un besoin de fuir la réalité ou, à l’inverse, une envie de se retirer dans une solitude totale.

  • Des symptômes physiques fréquents : fatigue intense, troubles du sommeil, anxiété, douleurs musculaires, ou tensions corporelles (Stroebe & Schut, 2010).

Ces réactions ne signifient pas que l’on traverse mal cette période, mais simplement qu’on vit une expérience profondément humaine.

3. Chacun son rythme, chacun sa manière

  • Certaines personnes expriment leur douleur en parlant, d’autres préfèrent rester silencieuses.

  • Certaines pleurent beaucoup, d’autres très peu ou pas du tout.

  • Certains ressentent le besoin d’être actifs, tandis que d’autres préfèrent se poser et s’isoler.

La forme du deuil n’est jamais le critère essentiel. Ce qui compte réellement, c’est ce qu’il signifie pour la personne concernée. Il est donc important de respecter son propre rythme, sans comparaison avec les autres, et sans pression extérieure.

4. Adopter une posture intérieure bienveillante pour traverser le deuil

  • Accueillir ses émotions sans jugement, même lorsqu’elles sont contradictoires ou ambivalentes.

  • Ne pas se forcer à aller mieux rapidement, ni à « passer à autre chose » prématurément.

  • Se rappeler que le deuil n’est pas une maladie ou un problème à résoudre, mais une réponse naturelle à une perte significative.

  • Ralentir volontairement le rythme de vie, pour offrir à l’esprit l’espace nécessaire à la guérison émotionnelle.

Conclusion

Comprendre le deuil, c’est accepter qu’il n’existe pas de méthode standard ou de règle universelle pour le vivre. C’est un processus personnel, fait de mouvements émotionnels intenses ou parfois silencieux. Le deuil ne se résout pas, il se traverse.

Même dans ce cheminement intime et singulier, il est essentiel de savoir qu’on n’est pas seul.