Faire face avec souplesse et stratégie

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Le stress ne se gère pas par la lutte ou la rigidité, mais par l’adaptation souple et stratégique à ce que l’on vit. Il est impossible d’éviter tous les imprévus, toutes les pressions ou tous les défis, mais il est tout à fait possible de choisir la manière d’y répondre. Cette capacité de choix constitue précisément la différence entre subir le stress ou s’y adapter efficacement (Southwick & Charney, 2018).

Le but n’est pas de devenir insensible ou indifférent, mais plutôt de développer une posture mentale plus souple, plus réfléchie, et donc plus stable face aux difficultés.

1.La clé pour mieux gérer le stress : la flexibilité adaptative

Les recherches en psychologie montrent clairement que les personnes qui gèrent le mieux leur stress ne sont pas celles dont la vie est exempte de problèmes. Au contraire, il s’agit de personnes capables de :

  • Prendre du recul face aux événements stressants.

  • Adapter rapidement leur réponse à la situation.

  • Se remettre d’un choc ou d’une difficulté sans devenir rigides (Bonanno, 2004).

Cette flexibilité adaptative est une véritable intelligence émotionnelle en action, permettant une régulation efficace du stress.

2.Trois postures mentales pour renforcer la flexibilité sous stress

2.1. Le recul réflexe : « Est-ce que ça vaut mon énergie ? »

Face à une montée de stress, il est utile de marquer une pause pour :

  • Respirer profondément (cohérence cardiaque, Lehrer & Gevirtz, 2014).

  • Observer ses réactions corporelles et émotionnelles.

  • Se demander simplement :

    • « Est-ce que c’est réellement grave ? »

    • « Est-ce urgent ? »

    • « Puis-je vraiment agir dessus immédiatement ? »

Prendre ce recul mental permet déjà de récupérer du pouvoir sur la situation.

2.2. Le tri mental stratégique : distinguer ce qui est contrôlable

Face à une situation stressante, il est utile de séparer mentalement les éléments en trois catégories :

  • Ce que je peux directement contrôler : Ce sont les actions immédiates et concrètes que je peux entreprendre tout de suite.

  • Ce que je peux influencer, mais pas contrôler totalement : Par exemple, les conversations, les négociations, ou les demandes aux autres.

  • Ce que je ne peux pas contrôler : Cela inclut le comportement des autres, les événements passés ou les circonstances extérieures hors de ma portée.

En focalisant toute son attention uniquement sur ce qui est directement contrôlable, on réduit considérablement la pression mentale et le stress ressenti. Cette clarification aide à reprendre immédiatement du pouvoir sur la situation.

3. L’autocompassion stratégique : se parler avec lucidité et bienveillance

L’autocompassion consiste à adopter un discours intérieur lucide et bienveillant envers soi-même (Neff, 2003) :

  • Se critiquer durement augmente significativement le stress.

  • S’adresser à soi avec clarté et douceur améliore l’efficacité personnelle et réduit l’anxiété (Neff, 2003).

Par exemple :

  • « Je traverse un moment difficile, mais c’est temporaire. »

  • « Je fais ce que je peux, avec les moyens dont je dispose actuellement. »

  • « Je ne suis pas obligé(e) de tout régler maintenant, simplement d’avancer un peu. »

4. Actions pratiques pour maintenir sa souplesse sous pression

  • Prendre note de ses émotions avant d’agir ou de réagir impulsivement.

  • Bouger physiquement (marche rapide, étirement, respiration profonde) pour calmer le système nerveux avant de s’exprimer.

  • Revenir au moment présent par des techniques d’ancrage sensoriel (Linehan, 2015).

  • Réajuster son plan plutôt que d’abandonner totalement.

  • Se demander : « Que conseillerais-je à mon meilleur ami dans cette même situation ? »

Ces petites actions régulières renforcent concrètement la flexibilité cognitive et émotionnelle sous stress.

Conclusion

Faire face au stress ne consiste pas à serrer les dents et à subir, mais à respirer, réévaluer et répondre de manière appropriée et réfléchie (Southwick & Charney, 2018).

Le stress est réel, mais notre marge de manœuvre pour y répondre est beaucoup plus grande que ce que l’on croit généralement. Plus nous pratiquons cette flexibilité adaptative, plus elle devient notre meilleure alliée face aux défis quotidiens.

Ainsi, loin d’être une faiblesse, la souplesse émotionnelle et cognitive constitue notre véritable force intérieure face au stress.