Hospitalisation psyschiatrique : Il n'y a aucune honte à être au bon endroit

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Franchir les portes d’un hôpital psychiatrique peut susciter des peurs profondes, souvent liées à l’image stigmatisée de ce lieu. Pourtant, une hospitalisation en psychiatrie n’est ni un échec, ni une punition, encore moins une preuve de folie. C’est une démarche thérapeutique et protectrice, similaire à tout autre soin médical (Corrigan & Watson, 2002).

Aller en psychiatrie, c’est se stabiliser, de se recentrer, de se sécuriser quand le système nerveux et psychique ne parvient plus à maintenir seul son équilibre (Miklowitz & Johnson, 2006).

1. Pourquoi une hospitalisation psychiatrique est souvent bénéfique

L’hospitalisation en psychiatrie agit comme un cadre temporaire qui permet de réguler un état émotionnel ou mental trop intense, incontrôlable ou dangereux pour soi-même. Selon Miklowitz (2008), ce type de soin offre notamment :

  • Un espace de récupération : le corps et l’esprit peuvent enfin se reposer profondément, loin des sollicitations quotidiennes.

  • Un cadre d’observation : il permet d’ajuster précisément les traitements (antipsychotiques, thymorégulateurs, anxiolytiques…) afin de retrouver une stabilité biochimique et émotionnelle.

  • Un lieu de régulation émotionnelle : on y est écouté, observé, accompagné et protégé de soi-même si nécessaire (Frank & Kupfer, 2000).

Ce n’est pas toujours un passage agréable, mais il peut être essentiel pour éviter une détérioration rapide ou grave de l’état de santé mentale.

2. Difficultés potentielles de l’hospitalisation psychiatrique

Malgré son efficacité thérapeutique, ce moment peut aussi être source de difficultés :

  • L’isolement initial : fréquent lors des premières journées d’observation, peut être vécu comme violent ou déstabilisant. Ce cadre, bien que difficile, est pourtant souvent nécessaire pour assurer la sécurité du patient dans des situations de crise intense (Corrigan & Watson, 2002).

  • Effets secondaires des traitements : ralentissement cognitif, fatigue extrême, confusion ou perte temporaire de certaines sensations émotionnelles. Ces effets sont souvent transitoires, liés aux ajustements médicamenteux nécessaires au retour à l'équilibre chimique cérébral (Miklowitz, 2008).

  • La sensation d’être dépossédé de soi-même : cette perte de contrôle temporaire peut être perturbante, mais elle vise précisément à éviter une perte plus durable ou dramatique du contrôle personnel (Frank & Kupfer, 2000).

3. L’après-hospitalisation : un redémarrage conscient et stratégique

À la sortie d’une hospitalisation psychiatrique, on peut se sentir vulnérable, fatigué, ou même déprimé, surtout après un épisode maniaque sévère (Miklowitz & Johnson, 2006). Cependant, ce moment peut aussi devenir un levier important pour comprendre et mieux maîtriser son trouble :

  • Identifier clairement ses limites et ses signaux faibles (phases d’euphorie ou de dépression précoces).

  • Mettre en place des stratégies préventives (meilleure hygiène de vie, rythme de sommeil régulier, routines structurées).

  • S’entourer d’un réseau de soutien solide, prévenu et formé à réagir efficacement en cas de récidive.

Le passage par la psychiatrie n’est pas un recul mais un point d’ancrage pour une reconstruction solide et durable (Corrigan & Watson, 2002).

Conclusion

Être hospitalisé en psychiatrie ne définit pas une identité. C’est un moment de déséquilibre chimique et émotionnel, traité dans un cadre médical adapté. Ce moment peut devenir une étape clé pour reconstruire une vie équilibrée, consciente et stable.

Ce n’est pas un effondrement : c’est une stabilisation provisoire pour permettre un rétablissement durable.