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"J'aime ma psychiatre comme un fou"
(J'aime ma psychiatre comme un fou - Despo Rutti)
Accepter un traitement psychiatrique n’a rien de facile. Les médicaments font peur, ils inquiètent, ils repoussent. À l’hôpital psychiatrique, nombreux sont ceux qui les prennent à contre-cœur, souvent vécus comme une « camisole chimique », un lissage de soi-même, voire une perte d’identité (Vieta et al., 2018). Pourtant, quand on vit avec un trouble bipolaire, ce même médicament, bien choisi et ajusté avec finesse, peut devenir notre meilleur allié : un stabilisateur de notre propre chimie interne, un rempart contre les tempêtes intérieures (Geddes & Miklowitz, 2013).
1. Pourquoi le médicament fait peur
La crainte des médicaments psychiatriques n’est pas un caprice, elle repose sur des réalités concrètes :
Effets secondaires réels : prise de poids, fatigue persistante, tremblements, ralentissement cognitif, sensation de « ne plus être soi-même » (Perlis et al., 2009).
La peur de la dépendance : beaucoup se demandent « vais-je devoir les prendre toute ma vie ? ».
Accepter le traitement = accepter la maladie : prendre un médicament, c’est reconnaître explicitement l’existence du trouble. C’est parfois douloureux à accepter (Jamison, 2000).
Derrière ces réticences légitimes, un enjeu de taille se dessine : sans traitement, on risque de basculer dans des états bien plus dangereux, plus intenses et destructeurs que les effets secondaires eux-mêmes (Grande et al., 2016).
On peut craindre les médicaments. Mais peut-être devrions-nous davantage craindre ce qui peut arriver sans eux.
2. Ce que fait concrètement un stabilisateur de l’humeur
Les médicaments régulateurs de l’humeur (lithium, lamotrigine, quétiapine, rispéridone, etc.) n’ont rien d’une « camisole ». Leur fonction réelle, validée par la recherche scientifique, est plutôt d’équilibrer la chimie complexe et sensible de nos cerveaux bipolaires (Geddes & Miklowitz, 2013). En pratique, ils agissent notamment sur :
La dopamine et la noradrénaline, en évitant les pics et les chutes extrêmes, régulant ainsi notre humeur et notre énergie.
La transmission neuronale, en stabilisant la communication interne du cerveau (Vieta et al., 2018).
Les circuits émotionnels, en réduisant l’hyper-réactivité qui conduit aux phases euphoriques (maniaques) et dépressives (Grande et al., 2016).
Le stabilisateur empêche que notre système nerveux s’emballe. Comme le chantait un bipolaire repenti, « Risperdal, amoindri tu visais le Graal », reconnaissant ainsi avec humour la puissance apaisante de ce type de traitement (témoignage personnel).
3. Traitement volontaire ou injections imposées
Quand le trouble bipolaire devient sévère et incontrôlable, notamment lors d’épisodes maniaques extrêmes ou psychotiques, la loi autorise des soins sous contrainte (injections mensuelles de traitements prolongés), parfois sans consentement (Lawlor et al., 2010). Ces injections, bien que parfois nécessaires, suppriment toute marge d’autonomie.
Cette perspective, à elle seule, peut devenir une raison d’accepter un traitement volontaire régulier. Choisir son traitement au quotidien, c’est préserver sa liberté d’ajustement, sa capacité à décider avant qu’on ne décide à notre place.
4. Prendre son traitement : une recommandation massive des psychiatres, mais modulable
Les recommandations médicales générales préconisent un traitement régulier, souvent quotidien et à vie, afin de prévenir les rechutes (Vieta et al., 2018). Cette approche n’est ni absurde ni autoritaire : elle est prudente, basée sur des études sérieuses démontrant qu’un traitement continu réduit considérablement les risques de rechute grave (Geddes & Miklowitz, 2013).
Cependant, certains patients apprennent, avec expérience et suivi professionnel rigoureux, à ajuster leur traitement avec lucidité, à partir de signaux précis :
Si le radar à euphorie s’allume (moins de sommeil, idées en accélération, agitation motrice, hyperactivité sociale soudaine).
Si le radar à dépression s’active (fatigue intense, isolement progressif, perte d’intérêt généralisée, ralentissement mental et moteur).
Dans une démarche responsable et structurée, on peut réagir vite et reprendre un traitement plus rigoureux dès les premiers signes. Cela exige une auto-observation rigoureuse et une alliance thérapeutique forte avec son psychiatre (Jamison, 2000).
5. Pourquoi la relation thérapeutique compte autant que le médicament
Aimer sa psychiatre, c’est une métaphore pour exprimer la reconnaissance que l’on ressent quand un professionnel a su diagnostiquer rapidement et clairement notre trouble bipolaire. C’est reconnaître que cette personne nous a aidés à éviter le pire, à poser des mots sur des évènements particuliers, à trouver une voie de stabilité (Jamison, 2000).
Conclusion
Accepter un traitement n’est pas devenir docile ou renoncer à soi-même. C’est au contraire se libérer des extrêmes incontrôlables, stabiliser notre cerveau sensible, et devenir acteur lucide de notre propre équilibre.
On ne perd pas son identité avec un traitement bien ajusté. On la préserve, on la solidifie, on lui donne une chance réelle d’exister sans être constamment submergée par des tempêtes chimiques incontrôlables.
Le médicament est souvent une clé d’une liberté retrouvée.
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