La stabilité du trouble bipolaire passe par un rythme de vie régulier

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Lorsqu’on vit avec un trouble bipolaire, la stabilité émotionnelle ne repose pas uniquement sur les traitements médicamenteux ou thérapeutiques. Elle dépend également, de façon essentielle, de la régularité et de la qualité de notre cadre de vie (Frank et al., 2005).

Notre cerveau, particulièrement sensible aux variations émotionnelles, a besoin de repères clairs, d’habitudes régulières et d’un rythme stable pour rester équilibré (Frank et al., 2005). Il ne s’agit pas d’imposer une rigidité excessive, mais plutôt d’offrir un socle solide et sécurisant qui permet de mieux faire face aux fluctuations d’énergie et d’émotions caractéristiques du trouble bipolaire (Ehlers et al., 1988).

1. Pourquoi le rythme est essentiel pour la stabilité bipolaire

Le trouble bipolaire se caractérise notamment par une sensibilité accrue aux variations des rythmes biologiques et environnementaux (Ehlers et al., 1988). Ainsi :

  • Des changements irréguliers dans le sommeil, l’activité ou le niveau de stress peuvent suffire à déclencher une phase haute (maniaque ou hypomaniaque) ou une phase basse (dépressive).

  • Cette sensibilité n’est pas une faiblesse personnelle, mais une particularité neurobiologique documentée (Frank et al., 2005).

Le maintien d’un rythme régulier constitue donc une prévention puissante et invisible contre ces variations brutales (Frank et al., 2005).

2. Le sommeil : première ligne de défense contre les variations d’humeur

Un sommeil régulier et suffisant est l’un des facteurs les plus déterminants pour la stabilité émotionnelle des personnes bipolaires (Harvey, 2008) :

  • Trop peu de sommeil augmente nettement le risque d’épisodes maniaques ou hypomaniaques.

  • Trop de sommeil ou un sommeil irrégulier augmente le risque de phases dépressives (Harvey, 2008).

Quelques repères pratiques pour protéger son sommeil (Walker, 2017) :

  • Se coucher et se lever à heures fixes, même pendant les week-ends.

  • Éviter les écrans au moins une heure avant le coucher.

  • S’exposer à la lumière naturelle dès le réveil pour réguler l’horloge biologique.

  • Créer un rituel simple avant le coucher (lecture calme, respiration profonde, douche tiède) pour préparer le cerveau au repos.

L’objectif est de maintenir une horloge interne stable, essentielle à la régulation émotionnelle (Harvey, 2008).

3. Structurer la journée : éviter l’anxiété du vide et la surcharge

Le cerveau humain, particulièrement lorsqu’il est sujet au trouble bipolaire, bénéficie grandement d’une journée structurée (Frank et al., 2005) :

  • Le vide absolu peut créer de l’anxiété et accentuer la rumination.

  • Une surcharge d’activités favorise les épisodes maniaques et l’épuisement.

Quelques principes simples pour structurer ses journées (Frank et al., 2005) :

  • Définir des plages horaires dédiées aux activités spécifiques.

  • Prévoir des pauses réelles entre les différentes activités.

  • Garder une régularité dans les heures de repas.

  • Éviter de mener simultanément trop de projets ou d’engagements.

Le but n’est pas d’imposer une rigidité excessive, mais d’offrir suffisamment de régularité pour sécuriser le cerveau (Frank et al., 2005).

4. L’activité physique régulière : un stabilisateur naturel de l’humeur

L’activité physique régulière aide à réguler efficacement l’humeur et à diminuer l’intensité des épisodes émotionnels dans le trouble bipolaire (Sylvia et al., 2013) :

  • Le mouvement régulier calme le système nerveux et libère des endorphines stabilisantes.

  • Pratiquer une activité modérée chaque jour (même 10 à 20 minutes) est plus efficace pour la stabilité émotionnelle que des sessions rares mais intenses (Sylvia et al., 2013).

5. Une alimentation équilibrée : stabiliser l’énergie mentale

Une alimentation stable et équilibrée influence directement notre stabilité émotionnelle (Jacka et al., 2017) :

  • Éviter les excès de sucre, d’alcool, de caféine ou autres stimulants diminue les risques de déclenchement d’épisodes maniaques ou dépressifs.

  • Privilégier une alimentation riche en fibres, protéines et aliments complets aide à maintenir une glycémie stable, essentielle à une humeur plus régulière (Jacka et al., 2017).

  • Boire régulièrement (eau, hydratation) est essentiel pour maintenir une bonne clarté mentale et émotionnelle.

L’alimentation n’est donc pas une question de morale, mais une base physiologique essentielle à la stabilité émotionnelle.

Conclusion

Il n’est évidemment pas possible de tout contrôler parfaitement, mais nous pouvons stabiliser le terrain sur lequel notre cerveau évolue quotidiennement. Plus ce terrain est régulier, clair et sain, moins les variations émotionnelles et énergétiques sont violentes et imprévisibles (Frank et al., 2005).

Ainsi, un rythme de vie régulier ne constitue pas une contrainte, mais un outil efficace et validé scientifiquement pour vivre au mieux avec un trouble bipolaire. Plus notre cadre de vie est solide, plus notre stabilité émotionnelle s’améliore.

Cette régularité ne supprime pas les fluctuations inhérentes au trouble bipolaire, mais elle les rend beaucoup plus faciles à gérer, à prévenir et à vivre sereinement.