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L'addiction numérique
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Les écrans occupent aujourd’hui une place centrale dans la vie quotidienne. Téléphones, ordinateurs, tablettes, télévisions sont devenus des interfaces permanentes entre l’individu et le monde : pour travailler, apprendre, se divertir, communiquer, s’informer ou se distraire. Cette généralisation des usages numériques s’est encore intensifiée avec l’essor des réseaux sociaux, du streaming, des jeux en ligne et du télétravail.
Pour la majorité des usagers, l’usage des écrans s’inscrit dans un cadre fonctionnel ou récréatif, sans conséquence notable. Mais pour une part non négligeable de la population, notamment chez les adolescents, les étudiants et les jeunes adultes, il devient envahissant, compulsif, voire pathologique.
En France, les dernières données de Santé publique France (2021) et de l’ARCOM (2022) montrent que les 15–24 ans passent en moyenne plus de 5 heures par jour sur leur smartphone, sans compter le temps d’écran scolaire ou professionnel. Le temps passé, la perte de contrôle, le besoin de vérification permanente, ainsi que les effets sur le sommeil, la concentration et la santé mentale, inquiètent de plus en plus les cliniciens et chercheurs.
Faut-il parler de “dépendance aux écrans” ? L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu dès 2018 un trouble du jeu vidéo (gaming disorder) dans la CIM-11. Pour d’autres usages — réseaux sociaux, streaming, navigation — le débat reste ouvert, mais les mécanismes neurocognitifs impliqués sont proches de ceux observés dans les autres addictions comportementales : activation du système de récompense, conditionnement, recherche de soulagement émotionnel, craving, perte de contrôle.
Cet article propose une synthèse rigoureuse sur les usages numériques problématiques, en explorant leurs mécanismes neuropsychologiques, leurs effets sur la santé mentale, les critères de dépendance comportementale, et les solutions thérapeutiques ou éducatives permettant une régulation consciente et durable.
I. Représentations sociales et perception du risque
1. Hyperconnectivité normalisée
L’usage intensif des écrans est aujourd’hui largement banalisé, voire considéré comme indispensable dans les sphères professionnelle, scolaire, sociale et familiale. Selon le rapport du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC, 2022), 95 % des 18–24 ans en France possèdent un smartphone, et près d’un tiers des enfants ont un écran personnel avant l’âge de 10 ans.
Cette hyperconnectivité permanente est souvent perçue comme un prolongement “naturel” de la vie moderne. Le fait d’être “toujours disponible”, “informé” ou “productif” est parfois valorisé dans le milieu scolaire ou professionnel, au détriment d’une réflexion sur les effets cognitifs ou émotionnels.
2. Ambivalence du regard social
Le regard porté sur les écrans est profondément ambivalent. D’un côté, ils sont associés à des valeurs positives : autonomie, apprentissage, ouverture sur le monde, innovation technologique. De l’autre, ils sont désignés comme responsables d’un repli social, d’un appauvrissement relationnel, ou d’un effondrement de l’attention.
Chez les parents, enseignants ou soignants, les craintes liées aux écrans sont souvent ciblées sur les jeunes : exposition précoce, isolement, baisse des résultats scolaires, troubles du sommeil. Cette inquiétude est relayée par plusieurs organismes, dont l’Académie nationale de médecine (2019), qui alerte sur les risques d’exposition excessive avant l’âge de 3 ans et recommande une éducation au numérique dès le plus jeune âge.
Pourtant, les comportements problématiques chez les adultes sont souvent relativisés, voire invisibilisés. Le temps d’écran professionnel, les soirées passées devant les plateformes de streaming ou le “scrolling” sur les réseaux sociaux sont rarement perçus comme problématiques, bien qu’ils mobilisent les mêmes circuits attentionnels.
3. Flou autour du mot “addiction aux écrans”
Le terme “addiction aux écrans” est largement utilisé dans les médias et le débat public, mais il n’est pas reconnu comme diagnostic médical en tant que tel. L’OMS, dans la CIM-11, n’a validé à ce jour qu’un trouble spécifique lié au jeu vidéo (gaming disorder), en 2018, défini par :
Une perte de contrôle sur le temps de jeu,
Une priorité accrue donnée au jeu sur les autres activités,
Une poursuite du jeu malgré des conséquences négatives (OMS, 2018).
Les autres formes d’usage problématique (réseaux sociaux, navigation, vidéos, scroll continu) sont encore en discussion dans la littérature scientifique. Plusieurs auteurs (Billieux et al., 2015 ; Montag & Walla, 2016) plaident pour un modèle transdiagnostique, centré non pas sur le support (l’écran) mais sur la fonction psychologique remplie (réassurance, évitement, stimulation, régulation émotionnelle).
II. Usages et typologie des écrans
1. Diversité des supports et des usages
Le terme "écrans" regroupe une grande variété de dispositifs numériques : smartphones, tablettes, ordinateurs, consoles de jeu, télévisions connectées. Ces supports permettent une multitude d’activités, souvent concomitantes :
Réseaux sociaux (Instagram, TikTok, Snapchat, etc.) ;
Streaming vidéo (YouTube, Netflix, Twitch…) ;
Jeux vidéo (individuels, en ligne, compétitifs ou immersifs) ;
Navigation internet, messagerie instantanée, actualités, e-commerce.
Selon la dernière enquête ARCOM (ex-CSA, 2022), les Français passent en moyenne 5h30 par jour devant un écran, dont près de 2h30 sur mobile. Ce chiffre monte à plus de 7 heures par jour chez les 15–24 ans, avec une forte composante de multitâche numérique (scrolling, vidéos, messages).
2. Usages par tranches d’âge
Les données du Baromètre Santé publique France 2021 confirment que l’usage des écrans est massivement générationnel :
Chez les enfants de 2 à 5 ans, plus de 70 % regardent un écran quotidiennement, malgré les recommandations de l’OMS limitant leur exposition à une heure par jour maximum.
Chez les adolescents, les usages dépassent fréquemment 5 à 6 heures par jour hors temps scolaire, avec un pic autour de 13–17 ans, notamment sur TikTok, Snapchat, Instagram et YouTube.
Chez les adultes actifs, les écrans sont omniprésents dans le travail (visioconférences, outils collaboratifs), puis dans les loisirs (séries, réseaux, navigation), ce qui génère un temps écran cumulé souvent sous-estimé.
3. Activités les plus chronophages
Les travaux de Montag et Diefenbach (2018), confirmés par le Digital 2023 Global Report (We Are Social & Meltwater), montrent que les réseaux sociaux représentent aujourd’hui la principale source de temps d’écran récréatif, avec :
En moyenne 2h26 par jour d’usage dans le monde ;
Une forte part consacrée au scrolling passif, non planifié, souvent prolongé bien au-delà de l’intention initiale.
Viennent ensuite :
Le visionnage de vidéos longues (Netflix, YouTube) ;
Le gaming, surtout chez les adolescents et jeunes adultes ;
Les notifications fréquentes, qui fragmentent l’attention même lorsque l’écran est en veille.
4. Multiplication des écrans et continuité de l’exposition
L’usage des écrans ne s’effectue plus dans un cadre fixe (salon, bureau) : il est mobile, ubiquitaire, multi-supports. Il existe peu de moments réellement sans écran, en particulier chez les jeunes générations. Selon le rapport Ipsos/Médiamétrie (2022), 62 % des 15–24 ans déclarent utiliser leur smartphone jusqu’au moment de s’endormir, et 37 % le consultent dès le réveil, dans la première minute.
Cette continuité d’exposition génère une forme d’occupation mentale quasi permanente, avec peu de phases de déconnexion complète, même pendant les repas, les transports ou les temps de repos.
III. Mécanismes neurocognitifs et addictifs
1. Activation du système de récompense
L’un des mécanismes centraux de l’usage problématique des écrans est la stimulation répétée du système dopaminergique. Les notifications, les “likes”, les récompenses dans les jeux, ou les vidéos à déroulement infini (scroll) activent le noyau accumbens, centre de la récompense, de manière similaire à d'autres conduites addictives (Volkow et al., 2017 ; Montag et al., 2019).
Cette activation génère une anticipation du plaisir (craving), qui renforce le comportement par apprentissage dopaminergique. Il ne s’agit pas uniquement du plaisir ressenti, mais aussi de la montée de l’attente : “qu’ai-je raté ?”, “qu’est-ce qui m’attend ?”.
2. Conditionnement et renforcement intermittent
Les applications mobiles et les réseaux sociaux sont conçus sur le modèle du renforcement intermittent, bien connu en psychologie comportementale (Skinner, 1957). Le fait de ne pas savoir à l’avance si une interaction sera gratifiante (nouvelle notification, vidéo drôle, like) renforce la compulsion.
Andréassen et Pallesen (2014) décrivent ce mécanisme comme analogue aux machines à sous, où le caractère aléatoire des récompenses favorise une recherche compulsive, parfois sans plaisir réel, mais avec impossibilité à s’arrêter.
3. Hyperstimulation attentionnelle
L’exposition prolongée à des contenus visuels rapides, colorés, engageants (jeux, vidéos, réseaux) entraîne une hyperstimulation du cortex préfrontal, en particulier chez les jeunes dont le cerveau est encore en développement. Christakis et al. (2009) ont montré que cette stimulation excessive peut réduire la tolérance à l’ennui et à la lenteur, et favoriser une réactivité émotionnelle accrue, voire une instabilité attentionnelle durable.
Le multitâche numérique, fréquent chez les adolescents (regarder une vidéo en scrollant, tout en répondant à un message), sollicite en permanence la mémoire de travail, sans amélioration des performances cognitives, et au prix d’une fatigue mentale accrue (Ophir et al., 2009).
4. Vers une dépendance comportementale ?
Bien que le terme “addiction aux écrans” ne soit pas un diagnostic formel (à l’exception du gaming disorder reconnu par l’OMS en 2018), les données convergent pour qualifier certains usages de comportements potentiellement addictifs.
Les critères cliniques observés incluent (Griffiths, 2005 ; Billieux et al., 2015) :
Craving : besoin urgent de consulter son écran (checking compulsif) ;
Tolérance : augmentation du temps d’exposition sans satisfaction accrue ;
Conflits : avec l’environnement familial, scolaire, professionnel ;
Rechute : incapacité à réduire malgré des tentatives répétées ;
Usage comme stratégie d’évitement émotionnel.
Ces éléments justifient aujourd’hui le développement de protocoles psychothérapeutiques spécifiques, notamment pour les jeunes présentant un usage envahissant, parfois au détriment du sommeil, des relations sociales et de la scolarité.
IV. Effets sur la santé mentale et le comportement
L’usage intensif des écrans n’est pas en soi pathologique, mais au-delà d’un certain seuil (en durée, en fonction ou en dépendance psychologique), des effets délétères peuvent apparaître, notamment chez les enfants, les adolescents et les personnes souffrant déjà de fragilités psychiques.
1. Attention, concentration et fonctions exécutives
Une exposition prolongée à des contenus rapides, fragmentés et non structurés (scrolling, vidéos courtes, multitasking numérique) est associée à une dégradation des fonctions attentionnelles :
Les études longitudinales menées par Christakis et al. (2004) et Swing et al. (2010) montrent que plus de 2 heures d’exposition quotidienne aux écrans à contenu rapide avant 7 ans sont associées à un risque accru de troubles de l’attention à l’adolescence.
Chez les adolescents, Ophir et al. (2009) ont démontré que le multitâche numérique altère la capacité de filtrage des informations non pertinentes et augmente la distractibilité.
Ces effets concernent en particulier le contrôle inhibiteur, la mémoire de travail et la capacité à maintenir une tâche unique.
2. Sommeil, rythme veille-sommeil et fatigue
Le temps d’écran en soirée est associé à une altération significative du sommeil :
La lumière bleue retarde la sécrétion de mélatonine, hormone du sommeil (Cajochen et al., 2011).
L’engagement cognitif et émotionnel lié aux contenus (jeux, réseaux) retarde l’endormissement.
Le “revenge bedtime procrastination” (retarder volontairement le sommeil pour profiter d’un temps personnel) est un comportement croissant chez les jeunes adultes (Kroese et al., 2016).
Les conséquences sont documentées : réduction de la durée du sommeil, sommeil de moins bonne qualité, fatigue diurne, troubles de l’humeur et baisse de vigilance scolaire ou professionnelle (Hale & Guan, 2015).
3. Humeur, anxiété et bien-être émotionnel
Plusieurs travaux établissent un lien entre usage excessif des écrans (notamment réseaux sociaux) et symptômes anxiodépressifs :
Twenge et al. (2018) ont montré une corrélation entre usage quotidien >3h de réseaux sociaux et augmentation significative des symptômes dépressifs chez les adolescents américains, surtout chez les filles.
Les méta-analyses de Huang (2017) et de Keles et al. (2020) retrouvent une association robuste entre usage intense des écrans sociaux et symptômes d’anxiété, de solitude, de stress et de faible estime de soi.
Les mécanismes impliqués incluent la comparaison sociale ascendante, la pression à la performance (likes, visibilité), le FOMO (fear of missing out), et la perte de lien avec la réalité émotionnelle.
4. Relations sociales, isolement et estime de soi
Les écrans peuvent à la fois faciliter la communication et réduire la qualité des interactions humaines :
L’étude de Przybylski et Weinstein (2013) montre que la simple présence d’un smartphone sur la table diminue la profondeur des échanges entre deux personnes, y compris entre proches.
L’usage excessif nuit à l’écoute active, au contact visuel et à l’empathie, surtout en contexte familial ou conjugal (Radesky et al., 2014).
Chez les adolescents, l’usage intensif des réseaux est aussi associé à une érosion de l’estime de soi, liée à la mise en scène constante et à la valorisation des normes esthétiques irréalistes (Fardouly et al., 2015).
V. Vers une dépendance numérique ?
1. Un usage problématique au-delà du temps passé
L’expression “addiction aux écrans” est largement utilisée dans le langage courant, mais elle reste cliniquement imprécise. Les chercheurs recommandent de parler d’usage problématique ou compulsif, en s’appuyant sur des critères qualitatifs : perte de contrôle, retentissement, craving, incapacité à différer, plutôt que sur la seule quantité de temps passé (Billieux et al., 2015).
Ainsi, une personne peut passer 4 heures par jour sur les écrans sans difficulté, tandis qu’une autre, à 1h30, peut souffrir d’une perte de contrôle marquée si l’usage remplit une fonction de régulation émotionnelle ou d’évitement.
2. Un trouble officiellement reconnu : le Gaming Disorder
Le seul usage numérique à être reconnu comme un trouble à part entière par l’OMS (CIM-11, 2018) est le Gaming Disorder, défini par trois critères observés pendant au moins 12 mois :
Perte de contrôle sur le temps de jeu ;
Priorité croissante donnée au jeu sur les autres activités ;
Poursuite du jeu malgré des conséquences négatives significatives.
Cette reconnaissance repose sur des études montrant un impact fonctionnel réel du jeu excessif : abandon scolaire, repli social, troubles du sommeil, conflits familiaux (Pontes & Griffiths, 2015 ; WHO, 2018).
3. Réseaux sociaux, streaming, scroll… des comportements comparables ?
Pour les autres usages numériques, comme les réseaux sociaux, les plateformes de streaming, ou la navigation compulsive, aucun trouble n’est encore formellement intégré dans les classifications internationales.
Cependant, plusieurs études (Andreassen et al., 2017 ; Turel et al., 2014) ont montré que l’usage excessif de ces supports peut produire des symptômes similaires à ceux des autres dépendances comportementales :
Envie irrépressible de consulter (checking compulsif) ;
Régulation émotionnelle via l’écran (soulagement temporaire de l’anxiété ou de l’ennui) ;
Rechute après tentative de réduction, avec sentiment de frustration ou vide ;
Impact négatif sur la vie sociale, scolaire, ou professionnelle.
4. Critères cliniques transversaux
Les spécialistes des addictions comportementales (notamment Griffiths, 2005 ; Montag et al., 2019) s’accordent sur plusieurs critères permettant d’évaluer une possible dépendance numérique, quel que soit le type d’écran :
Salience : l’activité domine la pensée et le comportement ;
Mood modification : l’activité modifie l’humeur (détente, excitation, oubli) ;
Tolérance : besoin croissant de temps pour obtenir le même effet ;
Conflits : avec les proches, au travail, en soi-même ;
Relapse : retour à l’activité après une tentative d’arrêt.
Ces critères, largement inspirés du modèle des addictions de Goodman (1990), sont aujourd’hui utilisés dans de nombreux centres spécialisés en psychologie de l’usage numérique.
VI. Prise en charge et stratégies de régulation
1. Approches cognitivo-comportementales (TCC)
Les TCC sont actuellement les approches thérapeutiques les plus documentées dans la gestion des usages problématiques des écrans, en particulier pour les adolescents et les jeunes adultes (Young, 2007 ; Weinstein et al., 2017). Elles visent à :
Identifier les facteurs déclencheurs : stress, isolement, ennui, conflits familiaux ;
Prendre conscience de l’usage en tant que comportement conditionné, parfois détaché du plaisir ou du besoin réel ;
Mettre en place des stratégies alternatives de régulation émotionnelle ;
Rétablir des routines structurées, avec des temps définis sans écran.
Les modules les plus efficaces incluent des exercices pratiques : désactivation des notifications, planification d'activités de remplacement, techniques de respiration ou d’autorégulation.
2. Désensibilisation aux déclencheurs numériques
Plusieurs approches inspirées des thérapies d’exposition et de gestion des impulsions (Chamberlain et al., 2018) sont proposées :
Limiter l’accès aux applications déclenchantes (temps d’écran, blocage des réseaux sociaux sur certains créneaux) ;
Travailler la tolérance au vide ou à la non-disponibilité (interdiction d’écran pendant les repas, les transports, ou 30 minutes avant le coucher) ;
Apprendre à identifier les automatismes d’ouverture d’écran (checking inconscient toutes les 2–3 minutes) et à les différer consciemment.
Ces stratégies sont particulièrement efficaces lorsqu’elles sont intégrées dans un programme hebdomadaire et accompagnées.
3. Psychoéducation et accompagnement parental
Chez les enfants et adolescents, la régulation passe aussi par l’environnement familial. Les recommandations de la Société Française de Pédiatrie (SFP, 2021) et de l’Académie nationale de médecine (2019) insistent sur :
L’importance d’un cadre souple mais ferme, adapté à l’âge ;
L’établissement de temps sans écran (repas, devoirs, coucher) ;
Le rôle de l’exemplarité parentale : les enfants imitent les comportements numériques des adultes.
La co-construction de règles d’usage, la discussion ouverte sur les bénéfices et limites des écrans, ainsi que la valorisation des temps déconnectés, sont des leviers efficaces de prévention.
4. Cadres collectifs : école, entreprise, institutions
La régulation ne peut pas être uniquement individuelle ou familiale. Les chercheurs (Odgers & Jensen, 2020 ; Twenge et al., 2019) appellent à une réflexion collective sur l’hygiène numérique, qui inclut :
Une éducation aux usages numériques dès l’école primaire ;
Des politiques de déconnexion professionnelle (par exemple : droit à la déconnexion en entreprise, France, loi 2017) ;
La mise en place de dispositifs de prévention dans les établissements scolaires, universités, lieux de soin.
Le but n’est pas d’interdire les écrans, mais d’apprendre à les utiliser de manière consciente, cadrée et compatible avec le bien-être mental.
Conclusion
Les écrans sont devenus une composante incontournable de la vie moderne, offrant des opportunités immenses d’apprentissage, de lien social, de créativité et d’accès à l’information. Pour la majorité des usagers, ils restent un outil utile, neutre, et régulé. Mais pour une fraction croissante de la population — en particulier chez les enfants, les adolescents, et certains adultes isolés ou vulnérables — leur usage peut devenir excessif, compulsif, voire pathologique.
Les données scientifiques actuelles montrent que les usages numériques problématiques mobilisent les mêmes circuits neurobiologiques que d’autres formes d’addictions comportementales : recherche de récompense, renforcement intermittent, désensibilisation, perte de contrôle. Les effets possibles incluent des troubles de l’attention, du sommeil, de l’humeur, des difficultés relationnelles et une détérioration progressive de la qualité de vie.
La réponse ne peut pas être uniquement répressive ou culpabilisante. Elle passe par une compréhension fine des mécanismes psychologiques à l’œuvre, une éducation au numérique dès le plus jeune âge, un encadrement parental adapté, et une prise en charge clinique accessible pour les personnes en difficulté.
Déconnecter n’est pas fuir le monde, mais parfois y revenir de manière plus libre, plus consciente et plus stable. Apprendre à se réguler face aux écrans, c’est aussi retrouver de l’espace pour le repos, la présence, et l’attention réelle.
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