Mieux se connaître pour mieux se faire comprendre

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Être écouté, compris et respecté est un besoin profondément humain. Pourtant, si intérieurement nous ne savons pas clairement ce que nous ressentons, désirons ou craignons réellement, notre communication risque d’être confuse, explosive ou fermée. Une bonne communication avec autrui commence toujours par une compréhension claire de ce qui se passe en nous-mêmes (Goleman, 1995).

Ce principe n’est pas simplement philosophique ; il est fondamentalement neurologique.

1. Pourquoi une bonne communication commence par soi-même ?

Lorsque nous ressentons une émotion forte (colère, frustration, douleur émotionnelle…), notre cerveau réagit de manière instantanée et automatique (LeDoux, 1996) :

  • L’amygdale, partie du cerveau responsable des réactions émotionnelles rapides, s’active immédiatement.

  • Simultanément, le cortex préfrontal, responsable de la réflexion rationnelle et de la prise de recul, devient temporairement moins actif.

  • En conséquence, nous réagissons souvent avant même d’avoir clairement identifié ce que nous ressentons vraiment (LeDoux, 1996).

Pour communiquer clairement avec les autres, nous devons donc apprendre à réguler nos émotions, à décoder précisément ce qu’elles signifient, et à nommer explicitement ce que nous ressentons (Goleman, 1995).

2. Trois étapes pour mieux se comprendre avant de parler

2.1. Identifier clairement ce que l’on ressent (sans jugement)

Prendre une minute pour se poser des questions précises, sans chercher une réponse parfaite, simplement honnête (Neff, 2003) :

  • « Qu’est-ce que je ressens exactement à cet instant précis ? »

  • « Qu’est-ce qui me dérange réellement dans cette situation ? »

  • « Qu’est-ce que j’aimerais vraiment que l’autre comprenne ? »

2.2. Identifier le besoin profond caché derrière l’émotion

Chaque émotion révèle généralement un besoin précis (Rosenberg, 2003) :

  • La colère indique souvent un besoin de respect ou de reconnaissance.

  • La tristesse exprime fréquemment un manque de connexion ou de soutien.

  • La peur révèle généralement un besoin de sécurité ou de prévisibilité.

Par exemple :

« Je ne suis pas réellement en colère parce que tu es en retard, mais je suis blessé parce que je ressens cela comme un manque d’attention. »

2.3. Clarifier précisément son intention avant de communiquer

Avant d’engager une conversation délicate, clarifier son intention réelle (Rosenberg, 2003) :

  • Est-ce que je souhaite simplement exprimer mon ressenti ?

  • Est-ce que je veux être écouté et compris ?

  • Est-ce que je cherche une solution concrète ?

  • Ou ai-je seulement besoin de décharger mon émotion sans forcément résoudre quelque chose immédiatement ?

Plus l’intention derrière la communication est claire, plus la discussion sera constructive et apaisée.

3. Pourquoi cette démarche améliore-t-elle les relations ?

  • Elle permet d’exprimer ses émotions clairement sans accuser ou blâmer inutilement l’autre (Rosenberg, 2003).

  • Elle améliore notre capacité d’écoute, car nous sortons du mode défensif.

  • Elle réduit les malentendus et les conflits inutiles, en se focalisant sur ce que nous voulons vraiment communiquer (Gottman & Silver, 2015).

  • Elle permet d’exprimer nos véritables besoins, pas seulement nos réactions émotionnelles immédiates.

Conclusion

Si nous voulons que l’autre nous comprenne réellement, le premier pas indispensable est de nous comprendre nous-mêmes clairement (Goleman, 1995). Nos émotions ne sont jamais des menaces à éviter ou à nier : elles constituent des informations précieuses à décoder (LeDoux, 1996).

Chaque fois que nous nommons précisément et honnêtement ce qui se passe en nous, nous créons les conditions d’une relation plus juste, plus saine et plus stable (Gottman & Silver, 2015).

Ainsi, mieux se connaître n’est pas seulement un acte introspectif, c’est une démarche concrète de clarté relationnelle. Et cette clarté constitue notre véritable pouvoir de connexion aux autres.